Je me suis récemment
aperçu que la France occupait la deuxième place pour le nombre de
lauréats de la médaille Fields, cette prestigieuse récompense qui
sacre un travail particulièrement remarquable dans l'art si complexe
(et pourtant non moins réel s'il faut vous mettre les points sur les i... je me demande qui comprendra cette
blague vaseuse...) des mathématiques, accompli par un jeunôt
de moins de quarante ans.
Il y a ainsi de quoi
pavoiser, toute modestie mise à
part.
Il en de même pour le
prix Abel, équivalent du prix Nobel pour les mathématiques, dans le
classement duquel la France occupe la deuxième place, avec trois
titres, derrière les États-Unis et leurs six nominations.
En ces temps de naufrage
généralisé et de lente déchéance, il reste malgré tout des
aspects satisfaisants ; lecteurs, je vous autorise donc à pousser un
discret , quoique vivace, « hourra » (en faisant
attention toutefois de ne pas gêner vos voisins) avant de reprendre
le fil de ce texte.
*****
C'est ainsi que, pour
fêter cette encourageante double deuxième place (oui nous sommes un
peu les Poulidor des mathématiques), je vous propose une petite
curiosité amusante... rassurez-vous, on parlera bien de
mathématiques, mais tout ceci restera fort simple...
J'errais ainsi, il y a plusieurs jours de cela sur la toile, quelque peu perdu, mon site
favori de photos érotiques d'art étant en cours de
réglage, et donc non disponible. Je tombai alors, un peu par hasard,
sur un site de jeux qui me proposa une partie de nim contre
l'ordinateur.
Vous ne connaissez pas le
jeu de nim ? Mais si voyons, il s'agit de ce jeu très simple
dans lequel chaque joueur, à
tour de rôle, doit enlever un, deux, ou trois éléments d'une
rangée de bâtonnets, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un, le
jouer ayant ôté l'avant-dernier bâton étant déclaré vainqueur.
Les amateurs de Fort Boyard sauront de quoi je veux parler...
Comme je viens de l’écrire
plus haut (je n’hésite pas à
me répéter pour mes lecteurs inattentifs), chaque joueur,
lorsque vient son tour, a le droit d'enlever un, deux ou trois
bâtonnets. C'est lui qui décide. A première vue on pourrait croire
que ce triple choix implique quantités de combinaisons variées, ce
qui fait qu'il ne doit pas être facile de définir une stratégie
gagnante. Et bien pas du tout chers lecteurs, ceci est au contraire
enfantin, grâce aux mathématiques.
Démonstration :
Tout d'abord laissez-moi
planter le décor en affirmant péremptoirement la proposition
suivante : si lorsque votre adversaire commence son tour, il a
devant lui un nombre de bâtonnets égal à
un multiple de quatre plus un, c'est-a-dire un, cinq, neuf, treize,
dix-sept..., vous avez gagné !
Pour démontrer cette
affirmation bien audacieuse, nous allons procéder en utilisant le
fameux principe de la récurrence, popularisée par ce bon Blaise
Pascal, et qui stipule grosso-modo ceci :
« Si une
proposition, variant en fonction d'un entier naturel N, est vraie au
premier rang (N prenant la valeur 0 ou 1 selon le contexte) et si, en
faisant l’hypothèse qu'elle est vraie au rang n (n ayant une
valeur quelconque), elle se retrouve également vraie pour le rang
suivant (c'est-a-dire n+1), alors cette proposition est vérifiée
pour toute valeur de N... »
Je sens le nombre de mes
fidèles, déjà pas bien haut à
la base, chuter vertigineusement au vu de cette phrase plutôt
indigeste. Mais rassurez-vous lecteurs (du moins ceux qui
restent...), là est la
partie la plus compliquée de l'article. Tout ce qui va suivre n'est
qu'une simple illustration qui vous aidera à
mieux comprendre...
- Ainsi donc, si je considère ma proposition « l'adversaire se retrouve avec un nombre de bâtonnets égal à quatre fois un entier naturel plus un », voyons ce que cela fait au premier rang, c'est-a-dire si cet entier naturel est égal à … 0
L'adversaire doit jouer
avec un nombre de bâtonnets égal à
un... ce qui n'est pas beaucoup, certes, mais ce qui veut surtout
dire qu'il a perdu d’après les règles du jeu. Difficile de faire
plus simple, vous en conviendrez...
- Maintenant supposons que pour un entier naturel égal à n, l'adversaire qui se retrouve avec quatre fois n plus un a perdu contre vous, qu'en est-il si cet entier naturel est égal à n+1 ?
L'adversaire peut enlever
un, deux ou trois bâtons, ce qui fait que lorsqu'il aura fini de
jouer vous aurez devant vous
4*(n+1)+1 – 1 (2 ou
3)
soit
4*n+4+1- 1 (2 ou
3)
donc
4*n+5- 1(2 ou 3)
et enfin
4*n+4 (3 ou 2)
Ça va, vous suivez ?
Comme c'est votre tour, il vous suffit de retirer un nombre de
bâtonnets tel que votre adversaire reprendra la partie avec 4*n+1,
combinaison qui lui est fatale, par hypothèse (sauf si bien entendu
vous jouez comme un manche et/ou que vous êtes un admirateur
inconditionnel de Jean-Luc Mélenchon,
auquel cas je ne peux plus rien pour vous). Ainsi, si vous enlevez
respectivement trois, deux ou un bâtonnet, votre adversaire se
retrouve avec la fameuse combinaison fatale, et vous avez gagné (et
démontré la proposition au passage), pourvu que vous appliquiez
à chaque fois que c'est
à vous de jouer la proposition suivante :
« vous devez retirez un nombre de bâtonnets tel que votre
adversaire doit entamer son tour avec un nombre de bâtons égal à
un multiple de quatre plus un »
En réalité cette
proposition revient à
dire que le vainqueur est fonction du nombre de bâtons au départ :
si la partie débute avec un nombre de bâtonnets égal à
un multiple de quatre plus un, proposez élégamment à
votre adversaire, en bon sportif que vous êtes, qu'il entame la
partie, sinon faites tout ce qui est en votre pouvoir (en usant de
menaces de mort au besoin) pour commencer...
Il ne vous reste plus qu'a
vous entraîner, ici par exemple...
« Quelqu'un
pourrait-il m'expliquer ce que je viens foutre dans cette
histoire??? »
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