Article
plus ou moins indigeste à propos de deux faits d’actualité que je
trouve révélateurs (ce qui me permet de ce fait de feindre un air
sérieux et appliqué en pondant un énième texte qui n’intéressera
personne, pas même son auteur).
*****
D’après
ce que j’ai pu lire de ci de là, la fronde des maires refusant de
marier des couples homosexuels fait des vagues. Nos bonnes
consciences pas du tout partiales semblent unanimes à les condamner
au nom du respect d’une loi démocratiquement votée, surtout que
cela fait mauvais genre pour un élu de la République de bafouer
ainsi la législation qu’il est chargé de faire appliquer.
Soit,
l’argument est fort valable, mais il faudra dès lors m’expliquer
une chose : pourquoi les mêmes personnes, si promptes à
condamner quelques maires et à exiger à leur encontre des sanctions
exemplaires, n’hésitent-elles pas à brandir par ailleurs, quand
cela les arrange, le fameux principe de la « désobéissance
civique » comme un saint sacrement ? Qu’en est-il,
ainsi, de ces élus de gauche qui procèdent à ce qu’ils appellent
des « parrainages républicains », consistant en réalité
à protéger un clandestin et à lui faciliter les démarches pour
obtenir d’être régularisé ? Je rappelle que toute aide à
l’immigration illégale est censée être punie par la loi. Loi
républicaine, votée par un parlement démocratiquement élu, bien
entendu. On pourrait citer également les témoignages de soutien
envers les « faucheurs volontaires » de champs OGM. En
réalité les exemples de ce type ne manquent pas.
Silence
gêné dans les rangs de nos (trop) bonnes consciences…
C’est
un point que Zemmour avait soulevé face à Domenach dans « ça
se dispute » il y a quelques mois de cela : les
« progressistes » n’ont aucun état d’âme à violer
la législation au nom de leur conception de l’éthique, lorsque
l’interprétation des textes de loi ne va pas dans leur sens. Dans
le cas contraire, cela va sans dire, nulle dérogation ne saurait
être tolérée. C’est amusant et à la fois inquiétant. Amusant
parce que là encore nous pouvons voir à l’œuvre le merveilleux
esprit de cohérence de nos phares de la vertu, ainsi que leur sens
redoutablement développé de l’hypocrisie, et inquiétant car il
s’agit également des prémisses d’un esprit totalitaire :
« je m’arroge le droit d’enfreindre la loi quand je
l’estime injuste, mais les autres ne le peuvent dans le même cas :
je suis l’unique référence pour décider ce qui est bon et ce qui
est mauvais ». C’est très intéressant, mais nous savons
depuis longtemps que "bonnes consciences", c’est-à-dire "gens de
gauche", et "totalitarisme" sont des mots qui vont très bien ensemble,
pour paraphraser un obscur groupe de troubadours anglais des années
soixante.
En
tous cas une chose est sure : si les ingénieurs ont mis des
années à mettre au point les ailes à géométrie variable pour
certains avions, il faut bien reconnaitre que nos inévitables
progressistes ont été bien plus rapides pour appliquer ce principe
à la Justice. Ceci m’amène d’ailleurs à penser que les progrès
de l’aéronautique auraient été bien plus rapides si on avait
formé des équipes de recherche composées exclusivement de
trotskystes et assimilés. Encore que je m’égare peut-être :
à en juger par leurs façons habituelles de procéder, lesdits
ingénieurs trotskystes auraient considéré la pesanteur et la
trainée comme d’infâmes phénomènes réactionnaires, voire
fascistes, et auraient organisé des manifestations et fait signer
des pétitions à tour de bras jusqu’à ce que le gouvernement se
décide, de guerre lasse, à « dissoudre » par décret
ces deux composantes incontournables de la mécanique du vol. Non
finalement, à bien y réfléchir, je préfère encore ne pas piloter
un appareil conçu par de tels énergumènes, même s’il est
capable de performances exceptionnelles sur le papier, mais achevons
ce paragraphe qui n’a aucun intérêt en lui-même, si ce n’est
de lasser le lecteur…
Donc,
écrivais-je avant cette parenthèse absurde, si les bonnes
consciences sont douées pour condamner les maires refusant
d’appliquer la loi Taubira, elles ne se gênent pas pour faire de
même quand il s’agit d’autres sujets de société. Pour en
revenir au mariage homosexuel, le mieux aurait sans doute été d’y
inclure une clause de conscience officielle, comme pour la loi Veil
sur l’avortement. Elle aurait ainsi permis à ces maires et à
leurs adjoints réticents de la faire jouer pour éviter
d’officialiser des unions de même sexe, et ce, en toute légalité,
sans porter vraiment préjudice aux couples homosexuels, ces derniers
devant pouvoir en échange convoler en noces plus ou moins justes
dans l’une des nombreuses autres mairies les acceptant (car
franchement s’entêter à vouloir se marier devant un officier
d’état-civil qui vous fait la gueule, en plus de votre inévitable
belle-mère, est-ce si réjouissant ?). Ce n’est pas cela qui
manque, après tout… ceci dit ils ont intérêt à se dépêcher,
parce que s’ils attendent le résultat des municipales de l’an
prochain, et au vu de la popularité actuelle des socialistes, ils
risquent d’éprouver certaines difficultés à l’avenir…
*****
Mon
second point porte sur l’accord de libre-échange entre l’Europe
et les Etats-Unis. Apparemment les négociations semblent piétiner,
la France exigeant que cet accord ne concerne pas les productions
culturelles afin de protéger son secteur audiovisuel menacé par la
concurrence et l’invasion des œuvres américaines. A ce titre,
plusieurs artistes, dont des personnalités de l’industrie
cinématographique, ont signé une pétition demandant que tout soit
mis en œuvre pour respecter la fameuse exception culturelle, car,
affirment-ils la main sur le cœur, « la culture en danger,
c’est la démocratie qui vacille ».
Voici
une bien belle déclaration, ma foi fort touchante, mais j’avoue
que venant de ces énergumènes, elle me fait surtout éclater de
rire. Pas tant parce que cela ressemble furieusement à une entente
entre professionnels d’un secteur pour empêcher son ouverture à
la concurrence et ainsi garder le monopole sur l’affaire, et les
juteux contrats qui vont avec (il est toujours réjouissant de voir
des individus sonner le tocsin sur le péril antidémocratique quand
il est surtout question de protéger leurs rentrées d’argent),
mais surtout parce que, une fois encore, nos sympathiques
pétitionnaires sont pris, pour nombre d’entre eux, en flagrant
délit de contradiction.
Je
m’explique : nul n’ignore que les milieux artistiques, en
France, sont gangrenés par remplis d’hommes et de
femmes généreux, tolérants ouverts… bref de cocaïnomanes
prétentieux et narcissiques gens aux cœurs grands comme
ça ! Bien entendu il arrive à ces héros des temps modernes de
mêler culture et politique, mais toujours pour de bonnes raisons, et
pour un bel idéal. Ainsi, combien compte-t-on de chanteurs, de
comédiens, de réalisateurs dénonçant les travers de notre société
moderne par le truchement de leurs œuvres souvent chiantes
et niaises à en mourir courageuses, exigeantes et
engagées ? Pour rappel, l’une des activités préférées de
nos artistes subventionnés libres d’esprit
consiste à interpeler le gouvernement pour exiger de lui la
régularisation de tous les clandestins, et bien entendu toujours
plus d’immigration et de droit d’asile (cela fait un
public potentiel pour leurs films ou leurs chansons). Comme
tout ceci est noble et désintéressé ! Mais attendez une
minute : les régularisations à tout va et l’immigration
massive ne constituent-elles pas, justement, une menace pour les
traditions et coutumes du pays d’accueil qui se doit de s’adapter
sans cesse à ces nouveaux venus, comme c’est maintenant la norme ?
Autrement dit, n’est-ce pas préjudiciable à la culture d’un
peuple ? Pour ma part, et en tentant de suivre la logique de nos
généreux artistes, je ne comprends pas vraiment en quoi l’invasion
de produits culturels formatés serait une menace, quand celle de
milliers, voire de centaines de milliers d’individus aux mœurs
très différentes des nôtres, et parfois haineux, agressifs,
analphabètes, inadaptés ou inassimilables, serait au contraire un
tel bienfait que l’on n’en aurait jamais assez. Non, vraiment, je
ne vois pas.
Ce
problème de compréhension, ceci dit, ne vient peut-être pas de
moi.
Mais
bon, nous n’allons pas non plus demander à tous ces grands esprits
d’être cohérents, ce serait peut-être un peu trop leur demander…
Josiane Balasko : une certaine idée de l'exception culturelle...
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