dimanche 18 décembre 2011

Science fiction (3... ou 4, je ne sais plus...)


Cinquième millénaire après Jésus Christ, quelque part en Europe. Un chantier de fouilles archéologiques.
Un homme d'origine asiatique, en tenue tropicale, bien que nous nous trouvions dans une région tempérée, consulte sous une immense tente de toile blanche un plan de la région étalé sur une table, au milieu de divers vestiges des temps anciens.

Voix : professeur Lee (comment ça nom stéréotypé pour marquer l'origine orientale!? Non mais je ne vous permets pas, lecteurs!!!), l'ordre de mission pour le travail de la journée est prêt, nous pouvons commencer.

Lee relève lentement les yeux et aperçoit devant lui Yu, son jeune assistant, qui le regarde avec déférence.

Professeur Lee : très bien Yu, bon travail. Vous semblez apprendre rapidement à notre contact...
Yu : merci professeur... oui depuis que je suis arrivé sur le chantier, il y a deux semaines, j'ai la sensation d'avoir énormément appris à votre contact, mais j'avoue que tout ceci reste encore bien mystérieux à mes yeux. A ce propos, pouvez-vous me dire quels sont les objectifs de vos travaux actuels?
Professeur Lee : bien entendu... c'est tres simple Yu, je cherche à mieux comprendre les raisons de la chute d'une des plus grandes civilisations que l’humanité a connues
Yu : je vois professeur, vous voulez parler de la civilisation occidentale...
Professeur Lee : tout juste Yu, et même si les historiens possèdent déjà de bonnes connaissances sur le sujet, il nous reste encore de nombreuses zones d'ombre à élucider (pour reprendre une expression là encore bien stéréotypée...)
Yu : justement professeur, pourriez-vous m'en dire plus? J'entends depuis des années des bruits et des rumeurs contradictoires sur ce sujet, et je ne parviens pas à me faire une idée sur la question...

Le professeur Lee sourit en caressant du bout des doigts les restes fraîchement déterrés d'un bibelot de métal représentant une Tour Eiffel.

Non ne riez pas! Cela excitera davantage les archéologues qu'un poster de Megan Fox d'ci un millénaire ou deux...

Professeur Lee : vois-tu Yu, dans ce domaine, comme dans tant d'autres, rien n'est absolument sûr, hélas, même si le recul de trois mille ans nous donne une certaine idée sur la question... vois-tu l'Occident, au tournant du deuxième millénaire de l’ère chrétienne était incontestablement la civilisation la plus puissante et la plus prospère de cette époque, et pourtant il n'a pas fallu plus de quelques décennies pour entraîner sa chute et celle des autres sociétés qui dépendaient d'elle.
Yu : mais comment cela a-t-il été possible, professeur?
Professeur Lee : c'est une question qui fait encore débat parmi les spécialistes, mais il semblerait bien que cette issue dramatique ait été le fruit d'un ensemble de causes complexes interdépendantes. Toutefois nous sommes a peu près certains, aujourd'hui, que la cause principale de la chute de cette civilisation se nomme “suicide culturel”
Yu : le “suicide culturel”? Qu'est-ce-que c'est professeur?
Professeur Lee : c'est une appellation que j'aime utiliser, bien qu'elle soit non scientifique, car elle est très claire. En bref l'Occident a disparu par haine de lui-même et de ce qui faisait son identité...
Yu : mais comment une civilisation peut-elle éprouver de la haine pour elle-même, surtout une civilisation aussi puissante?
Professeur Lee : c'est là un grand mystère Yu, qui touche non seulement à l'Histoire, mais également à la philosophie. Aussi l’étude de cette civilisation puissante, quoique primitive à nos yeux, peut être d'un grand apport pour nous et nos sociétés modernes si complexes. En fait pour cela Yu il faut que je te parle du vingtième siècle de l’ère chrétienne. As-tu entendu parler, Yu, de la seconde guerre mondiale?
Yu : vaguement professeur... une guerre particulièrement meurtrière c'est cela?
Professeur Lee : oui Yu, une guerre terrible déclenchée pour de bien sordides raisons, alors que l'Occident dominait le monde entier. Il faut savoir qu'à cette époque, et même avant, les Occidentaux étaient tellement sûrs d’eux-mêmes et de leur génie qu'ils se sont imaginés que leur domination écrasante avait des raisons raciales, génétiques si tu préfères. C'est ainsi qu'ils ont considéré qu'ils avaient un droit naturel à coloniser les autres peuples pour leur apporter, disaient-ils, les lumières de leur civilisation que les habitants des autres continents étaient incapables, du moins selon eux, d'atteindre par eux-mêmes. Ils se sont dès lors considérés comme des Promethées modernes, apportant la science et la culture aux autres hommes.
Yu : mais quel est le rapport avec la guerre mondiale?
Professeur Lee : j'y viens Yu. En réalité il ne faut pas voir l'Occident comme un monde homogène, mais une mosaïque de nations qui ont longtemps été rivales entre elles, au point que ces luttes ont débouché sur deux grandes guerres particulièrement sanglantes qui, du fait de l'implication des occidentaux sur tous les continents du monde, ont atteint un niveau planétaire.
Yu : et c'est ainsi que l'Occident s'est suicidé?
Professeur Lee : en partie Yu. Il est certain que ces deux guerres mondiales ont marqué le début du déclin de l'Occident, mais cela n'explique pas tout. En fait vous devez savoir que la deuxième guerre mondiale a eu ceci de particulier qu'elle a donné lieu a des exactions racistes des plus meurtrières.
Yu : oui, j'en avais entendu parler... le résultat du sentiment de supériorité de l'Occident?
Professeur Lee : sans doute Yu. Il semblerait bien, comme vous le dites, que ce sentiment que l'Occident était intellectuellement supérieur aux autres peuples en ait amené certains, notamment en Allemagne, à penser qu'il l’était également racialement, ce qui lui donnait le droit de procéder à l’éradication de peuples jugés inférieurs et nuisibles.
Yu : mais comment cela a-t-il pu déclencher la véritable chute de l'Occident, professeur ?
Professeur Lee : et bien Yu, le traumatisme dû à la deuxième guerre mondiale a été tel, du fait de l'horreur des massacres à grande échelle, que les Occidentaux se sont profondément remis en question, au point de conclure que tout ceci avait été le résultat de leur vision profondément raciste et inégalitaire du monde, et qu'il fallait tout faire pour que ceci ne se reproduise jamais plus...

 Oui... fous supissez encore les conséquences du bortel monstrueux que ch'ai naguère provoké... c'est ce ke ch'appelle l’efficacité!

Yu : cela on ne peut que le comprendre professeur, mais cette remise en question aurait dû être bénéfique.
Professeur Lee : en théorie oui, Yu, une remise en question, si elle est intelligemment menée, conduit normalement à un progrès, mais dans le cas qui nous occupe elle a été tellement radicale que les Occidentaux ont progressivement renié leurs valeurs et ce qui faisait leur spécificité, comme si le racisme et la condescendance paternaliste, qui marquèrent un temps leurs relations avec le reste du monde, étaient intrinsèques à leur civilisation. Ainsi dans les décennies qui ont suivi la deuxième guerre mondiale, les mots d'ordre étaient à la tolérance absolue, au métissage, au multiculturalisme débridé comme horizon indépassable, et à l'antiracisme le plus borné.
Yu (vivement) : mais c’était de la folie...
Professeur Lee : sans doute Yu, mais vous jugez les occidentaux avec la mentalité d'un homme moderne, ce que tout historien et archéologue se doit d’éviter afin de garder avec l'objet de son étude une distance froide et dépassionnée. Avec le recul des siècles et l’expérience accumulée nous savons parfaitement de nos jours que le multiculturalisme est une folie furieuse qui a entraîné la disparition de nombreuses nations à travers le monde, mais à l’époque cela était encore mal connu, et les occidentaux pensaient naïvement que les sociétés multiculturelles étaient l'avenir.
Yu : oui, je comprends professeur, mais j'ai tout de même du mal à croire que même avec le danger mortel du multiculturalisme il n'a fallu que quelques décennies à l'Occident pour s'effondrer.
Professeur Lee : plusieurs facteurs ont contribué à cette chute, et il est apparu que l'un des principaux fut le conflit entre l'Occident et l'Islam
Yu : l'Islam ? Qu'est-ce-que c'est ?
Professeur Lee : l'Islam, Yu, fut une religion, ou plutôt un systême politico-religieux archaïque depuis longtemps disparu, mais qui rassemblait un nombre immense de fidèles à l’époque qui nous intéresse. Ses valeurs étant le plus souvent à l’opposé de celles de l'Occident, ces deux mondes étaient incapables de coexister pacifiquement. Il faut toutefois savoir que le monde islamique fut à ses débuts une civilisation brillante avant qu'elle ne sombre, rongée par le rigorisme religieux et l'obscurantisme. Ainsi, alors qu'elle fut, lors de ce que l'on a appelé le Moyen-Age, le théâtre d'une vie intellectuelle et scientifique intense, elle n’était plus, à l'aube de la chute de l'Occident, que l'ombre d'elle même, un regroupement de pays rendus moribonds par l’omniprésence d'un esprit religieux qui confinait au fanatisme aveugle, à la superstition et à l’idolâtrie.
Yu : mais professeur, vous venez de dire que l'Ils... l'Islam était un système archaïque... je suppose que l'Occident n'a pas dû avoir de mal à s'en débarrasser de par sa puissance militaire et technologique...
Professeur Lee : détrompez-vous Yu, l'Islam fut sans doute la pire menace qu’a eu à affronter l'Occident. Rappelez-vous ce que je vous ai dit sur la remise en question fondamentale de cette civilisation... le relativisme radical qui s'en suivit fut tel que les Occidentaux refusèrent de juger et condamner la doctrine politique de l'Islam au nom de l’égalité des cultures. De plus les Musulmans - c'est ainsi que l'on appelait les fidèles de l'Islam – n’affrontèrent pas les Occidentaux de front, car ils se savaient inférieurs en force, mais en s'installant dans leurs pays et en noyautant leurs institutions afin qu'ils accouchent de systèmes législatifs favorables à l'Islam, l’idéologie multiculturelle et antiraciste qui prévalait alors en Occident les aidant grandement dans cette stratégie.
Yu : je vois professeur, les Occidentaux se sont laissés envahir par aveuglement idéologique.
Professeur Lee : oui et non Yu, il y a du vrai dans ce que vous dites, mais ce n'est pas la la seule cause. Il faut également savoir qu'à cette époque l’économie des pays occidentaux était presque entièrement fondée sur le pétrole, la première source d’énergie pour les transports. Or figurez-vous que les principaux pays producteurs de cet hydrocarbure étaient des pays musulmans qui se servaient de ce formidable avantage pour répandre l'Islam en Occident, qui ne pouvait réagir sous peine de perdre son précieux approvisionnement en pétrole...
Yu : vous voulez dire, professeur, que les pays les plus développés étaient entièrement dépendants économiquement de certains des pays les plus arriérés et les plus obscurantistes du monde ?
Professeur Lee : en quelque sorte oui, Yu, c'est d'une ironie effroyable, mais c'est ce qui s'est passé.
Yu : et alors, quelle fut la suite professeur ?
Professeur Lee : et bien une immigration musulmane massive vers les pays développés et le besoin insatiable de ces derniers en pétrole ont eu pour effet la chute de l'Occident, vidé de sa population de souche car remplacée par de nouveaux venus aux valeurs et traditions complètement différentes. Ainsi les nouveaux maîtres de l'Occident se sont vite révélés incapables de maintenir ce monde au niveau culturel et scientifique qui était le sien avant ces grandes inventions. D'ailleurs la disparition de l'Occident a à son tour entraîné celle de la civilisation islamique qui vivait au crochet des pays développés, l'obscurantisme religieux qui s’était emparé des pays musulmans les plongeant irrémédiablement dans le néant.
Yu : je vois professeur, je commence à comprendre...
Professeur Lee : phénomène fascinant, n'est-ce-pas Yu ? Deux mondes aux antipodes l'un de l'autre du point de vue de la culture et des valeurs, mais qui furent tellement interdépendants économiquement que la chute de l'un entraîna celle de l'autre...
Yu : mais tout de même professeur, j'ai du mal à penser que les populations des pays occidentaux n'ont jamais réagi face à ces invasions incessantes.
Professeur Lee : oh certains ont bien tenté de réagir, Yu, et de réveiller leurs peuples, mais ces individus furent vite conspués et mis en quarantaine par des associations antiracistes grassement subventionnées, et qui exerçaient un véritable contrôle sur l'opinion. Ne sous-estimez pas, encore une fois, le relativisme culturel qui s'est développé en Occident à la suite de la deuxième guerre mondiale, et qui a vu ce monde passer en quelques décennies, par réaction, d'un totalitarisme dur, le nazisme, à un autre, plus mou et plus sournois, l'antiracisme.
Yu : mais professeur, l'Occident fut, si je me souviens bien, une civilisation particulièrement brillante du point de vue culturel... comment un monde avec un tel niveau de connaissances a pu être aussi facilement emporté par la barbarie ?
Professeur Lee : ah ça, Yu, c'est le grand mystère qui nous occupe. Rien n'est sûr, mais il y a fort à parier que ce que vous voyez ici a joué un grand rôle dans le déclin de l'Occident...

Le professeur désigne à son apprenti les vestiges d'un appareil étrange, fait d'un grand cadre de plastique dans lequel apparaissent des bouts de verre ainsi que des circuits électriques.

Yu : qu'est-ce-que c'est, professeur ?
Professeur Lee : un écran plat LCD, Yu. Autrement dit une télévision. Un appareil très primitif qui projetait des images en deux dimensions et qui était devenu très populaire au vingtième-et-unième siècle de l’ère chrétienne. Ce médium permettait de transmettre un nombre impressionnant d'informations en un temps record, mais son utilisation se révéla désastreuse. En réalité il a peu à peu remplacé les livres, la lecture ayant été le principal loisir des occidentaux avant l’avènement de la télévision, mais alors qu'avec lui les possibilités d’éveil culturel étaient phénoménales et laissaient présager un avenir radieux pour l’humanité, il a été principalement utilisé pour diffuser aux peuples des émissions d'une médiocrité navrante qui rivalisaient d’inanité intellectuelle. Des chercheurs se sont rendus compte que le niveau scolaire des élèves d'une même classe d'âge s’était effondré d'une génération à l'autre au tournant du vingt-et-unième siècle après Jésus Christ, et je mettrais ma main à couper que la télévision a joué un rôle prépondérant dans ce qu'il faut bien appeler l'abrutissement de masse...

Le jeune Yu garde le silence. Il observe les ouvriers occupés à étiqueter les nombreux vestiges hétéroclites d'un chantier de fouilles voisin. On peut y distinguer un casque de motard, un clavier d’ordinateur, un smartphone, un lecteur MP3, un DVD...

Yu : professeur, je comprends pourquoi vous avez tant à cœur de comprendre ce qui est advenu il y a si longtemps de cela... pour que nous ne commettions plus les mêmes erreurs !
Professeur Lee : oui Yu... le passé, l'Histoire... la grandeur et la décadence des civilisations disparues.... nous n'apprenons jamais trop de ceux qui nous ont précédés... ! 

 Tentative de sabotage de l'Occident

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