- Monseigneur
Sécrable ?
L’homme
dont le veston noir étrennait une discrète
croix argentée fit son entrée dans la salle de consultation à
l’appel du médecin. Ce dernier prit place derrière son bureau, un
imposant meuble en chêne massif, et invita son patient à s’asseoir
en face de lui.
- Alors,
monseigneur, que puis-je pour vous ?
- Et
bien docteur, je n’irai pas par quatre chemins… je viens vous
voir parce que je suis atteint d’un trouble particulièrement
insidieux. En clair je pense être allergique au socialisme !
- Ah,
très bien, répondit l’allergologue, pourriez-vous m’en dire
davantage ?
- Voilà,
docteur, depuis plusieurs mois, je l’ai constaté, je suis de moins
en moins tolérant envers la bêtise affligeante, l’hypocrisie
haineuse, le sentiment de supériorité morale hautain et injustifié,
le clientélisme sans gêne et surtout l’incompétence totale et
l’amateurisme dont font preuve le gouvernement et le chef de
l’Etat… cela m’horripile de plus en plus, me plonge dans des
abîmes de consternation et de désarroi, et j’en viens même
parfois à me montrer particulièrement rustre envers mon entourage,
sans raison, du fait de mon état d’énervement…
- Je
vois… en fait ce que vous me dites ne me surprend guère,
monseigneur, attendu que nous assistons à une généralisation
absolument alarmante de ces symptômes au sein de la population
française. Certains de mes collègues n’hésitent même pas à
parler de pandémie…
- Alors
docteur, je suis bien atteint d’allergie au socialisme ?
- Sans
doute, monseigneur, mais je dois procéder à un petit test pour m’en
assurer…
- Faites
donc, docteur, je vous en prie…
- Veuillez
m’attendre ici, monseigneur, je ne serai pas long…
Le
médecin se leva alors et disparut derrière une porte qui semblait
mener à une sorte de débarras au fin fond de son cabinet. Il
réapparut bientôt, tenant par la main un jeune homme au regard vide
et à la silhouette quelque peu avachie qu’il assit sur une chaise
près de lui.
- Je
vous présente Laurent, fit le docteur en reprenant sa place derrière
le bureau. Je vous demanderai, monseigneur, d’être
particulièrement gentil et patient avec Laurent car celui-ci est…
disons… c’est assez délicat… en fait Laurent est… membre du
Mouvement des Jeunes Socialistes…
- Oui,
je l’avais deviné à son regard quelque peu ahuri… mais il a
l’air mal en point, votre Laurent, docteur. Voyez son poil terne,
et comme j’évoquais son regard, voyez donc ses yeux vitreux, secs,
et la bave qui coule ainsi de ses lèvres… le pauvre garçon semble
avoir des problèmes !
- Il
faut que je vous dise, monseigneur, Laurent est en fait… le
président des Jeunes Socialistes…
- Ah
oui, je vois, je suis désolé…
- Bon,
assez de palabres, je vais procéder à une expérience simple,
monseigneur. Je vais demander à Laurent de nous dire tout ce qui lui
passe par la tête et je vais étudier vos réactions. Etes-vous
prêt ?
- O…
oui, fit le religieux, l’air peu rassuré en fixant le nouvel
arrivant.
- Très
bien… bon, Laurent, nous t’écoutons, reprit le médecin en
tapant d’un coup sec dans ses mains.
Le
malheureux jeune homme sortit subitement de sa torpeur, se redressa,
et prononça ces quelques mots :
- Francois
Hollande est le président qu’il nous faut !
- Humf…
fit l’homme d’église en esquissant une grimace de douleur.
- Courage,
monseigneur, répondit le médecin qui l’observait attentivement,
je compatis sincèrement, croyez le bien, mais il vous faut aller
jusqu’au bout…
- Deux
« papas » ou deux « mamans » c’est la même
chose qu’un « papa » et une « maman » !
reprit Laurent, et tout est égal, tout se vaut !
- Argh…
- Les
étrangers paient des impôts en France, donc ils devraient avoir le
droit de voter, c’est logique, non ?
- Gniiiiiiiiiiiiii !!!
- Il
n’est pas normal que certains gagnent beaucoup d’argent !
- Docteur,
ça… ça commence à me gratter partout !
- Il
nous faut un Etat encore plus fort, avec plus de fonctionnaires et de
services publics, et il nous faut dépenser encore davantage pour
plus d’efficacité !
- Ouch !
Ça me démange !
- L’immigration
est une chance pour la France car nous sommes tous citoyens du monde,
et il faut assouplir les procédures de régularisation des
sans-papiers !
- Je…
ça devient difficile, là, docteur !
- Il
faut soutenir les associations courageuses comme SOS Racisme et leur
donner encore plus de subventions publiques !
- Docteur
je… regardez ! Ma peau se couvre de boutons ! Et là je…
j’ai des pustules ! Mais… mais ce sont carrément des
bubons !!!
- Il
faut imposer encore davantage les riches, les entreprises, et tous
ceux qui créent de la richesse en général pour redistribuer cet
argent à ceux qui ne vivent que d’aides sociales, quelles que
soient les raisons pour lesquelles ils ont moins ! C’est cela
la solidarité !
- Docteur…
ça fait mal !
- Les emplois aidés sont un outil efficace contre le chômage!
- Docteur... PAR PITIÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ !!!! hurla l’évêque au bord de la crise d’apoplexie.
- Il
faut mettre encore plus d’argent dans l’Education Nationale,
embaucher encore plus de professeurs qui distilleront la propagande
de la gauche, et favoriser les programmes scolaires qui font la part
belle à la théorie du genre et aux cultures d’ailleurs au
détriment de l’histoire de France ! Il faut culpabiliser les
gens dès le berceau pour qu’ils aient honte d’être français et
qu’ils sachent bien qu’il n’y a pas d’avenir sans métissage
et que leurs véritables racines sont ailleurs, et nous avons
forcément raison parce que nous sommes le parti du Bien et…
- TA MÈRE SUCE DES BITES EN ENFER!!! vociféra le religieux d'une voix pas très catholique et en vomissant un liquide nauséabond, voire rappelant les heures les plus sombres de l'Histoire, sur le parquet ciré, ce qui faisait, il faut l'avouer, plutôt mauvais effet...
- Bon,
ça va Laurent, tu peux arrêter maintenant, ça suffit !
Le
jeune homme obéit immédiatement à l’injonction du médecin et
reprit son mutisme initial, ainsi que son air quelque peu demeuré…
- Docteur
je… c’est épouvantable ! Comment pouvez-vous résister à
une telle débauche de crétinerie aussi concentrée ? Ça ne
vous fait rien à vous ? demanda le malade en reprenant tant bien que mal ses esprits.
L’allergologue
mit les mains à ses oreilles et en retira deux boules Quies.
- Pardon,
vous me disiez quelque chose ?
- Je…
non, je vois que vous prenez vos précautions !
- Oui,
cela m’aide à résister à la tentation de l’occire, voyez-vous…
Laurent est un être particulièrement horripilant ! Je l’ai
entendu une fois et ça m’a suffi. J’imagine qu’il vous a sorti
la même chose qu’à moi ! Bon en même temps il n’est pas
président des jeunes socialistes par hasard… je crois que chez eux
c’est le plus atteint qu’ils choisissent pour les représenter.
- Mais…
où avez-vous trouvé un tel énergumène ?
- Rue
de Solférino, tout simplement… au siège du PS… ils sont en train
de se débarrasser de leurs vieilleries et de tout ce qui peut les
encombrer. Ils vident les greniers en quelque sorte. Je suis tombé
ainsi sur un très beau lot Strauss-Kahn-Royal-Cahuzac qu’ils
offraient gratuitement. J’étais tenté, mais je me suis dit que
cela ferait un peu trop pour mon cabinet, d’autant plus qu’il
faut les entretenir et qu’ils ont des goûts de luxe, comme tout
socialiste qui se respecte… cependant ça peut faire joli au milieu
des plantes vertes… à condition d’apprécier l’art moderne
bien évidemment. Ça remplace aussi avantageusement les nains de
jardin !
- Je
vois docteur, mais pour en revenir à ce Laurent, si jeune et déjà
si… atteint, si… inadapté au monde réel… docteur c’est
terrible, mais je crois que sa vie est d’ores et déjà fichue !
- Sans
doute monseigneur, des êtres comme Laurent existent bel et bien,
comme vous pouvez le voir, et ils sont une lourde charge pour la
société du fait de leur inutilité totale, mais nous ne pouvons pas
les abandonner ainsi, nous sommes quand même civilisés… quelques
voix charitables ont d’ailleurs proposé l’organisation d’une
sorte de Téléthon pour aider à financer la recherche contre cette
plaie qu’est le socialisme, surtout quand il s’attaque ainsi à
la jeunesse, mais sincèrement, et c’est le spécialiste qui vous
parle, je doute qu’un remède vraiment efficace puisse un jour être
mis au point !
- Seigneur
ce… en vérité cela fait peur, docteur !
Le
médecin prit une profonde inspiration, rajusta ses lunettes et
joignit les mains devant la bouche avant de fixer son interlocuteur
dans les yeux :
- Bien,
monseigneur, je dirais que notre petit test est concluant ! Vous
avez raison. Vous êtes bel et bien allergique au socialisme, ou tout
du moins aux socialistes, comme de plus en plus de Français, ma foi…
- Ah !
- Ceci
dit, et c’est là le problème, il existe bien des médicaments
pour vous aider à résister à pareil fléau, mais entre nous je les
déconseille fortement…
- Comment
cela ?
- Et
bien, prenez le Mélenchon 500 super effervescent par exemple… il
fut un temps prescrit car il semblait aider l’organisme à
s’habituer au socialisme sans trop forcer, mais nous nous sommes
depuis aperçus que ce produit était en réalité pire que le mal…
je dois vous dire… le Mélenchon 500 provoque à terme une telle
réaction de rejet de la part de l’organisme que les effets sont
souvent dévastateurs. En clair il s’agit d’une drogue fortement
toxique, c’est pourquoi je refuse de la prescrire !
- Ah…
mais il n’existe pas d’alternative ?
- Si…
le Sarkozène, vendu par les laboratoires UMP. Mais bon, autant vous
le dire tout de suite, ce produit vous procure une nausée certaine,
sans compter qu’il est loin de pouvoir vous prémunir contre le
socialisme. En réalité il agit un peu comme un vaccin, c’est-à-dire
qu’il contient lui-même des éléments actifs, mais affaiblis, de
socialisme, l’idée étant d’aider l’organisme à s’y
habituer. Mais hélas il se révèle fort inefficace, voire même
dangereux, et certains effets secondaires comme le nanisme ne sont
pas à exclure. De plus, et sans que l’on sache trop pourquoi, le Sarkozène semble donner à ceux qui en prennent la maladie de Gilles de la
Tourette, ce qui, vous l’avouerez, est plutôt ennuyeux…
- Ah
oui, en effet, curieux…
- Bref,
je déconseille fortement ce produit, comme tout ce que peut produire
les laboratoires UMP d’ailleurs, méfiez-vous !
- Très
bien… et sinon, rien d’autre, docteur ?
- Oh,
si, il y a bien le Marine Plus, mais bon, entre nous ce n’est pas
terrible. Il agit un peu comme le Mélenchon 500 ; il paraît
efficace au départ, mais lui aussi, au final condamne l’organisme
à être totalement dépendant au socialisme, d’autant plus qu’il
en contient à forte dose, lui aussi. Non, honnêtement, allez voir
ailleurs. Il existe aussi la Bayrouine, mais bon, rien de bien
sérieux ; c’est un placebo, donc sans aucun effet bénéfique.
J’ai également entendu parler de quelques produits plus ou moins
douteux, comme le Besancenotilène, hautement toxique (on en servait
à petites doses dans les maisons de retraite pour stimuler les
petits vieux, mais ça les faisait délirer et ça leur grillait ce
qui leur restait de neurones), le Cohn-Bendit 68, un produit
fortement douteux coupé au pneu de vélo, la Joly-Benbassa-Duflotéine, mais
ça rend particulièrement idiot, même si son principal avantage, le
seul d’ailleurs, est d’être biodégradable. En outre ce dernier médicament a comme particularité de provoquer chez celui qui en consomme une véritable haine de lui-même, et le malheureux ne peut s’empêcher de se frapper du fait de cette culpabilité injustifiée. Je vous laisse imaginer les dégâts sur le mental. Certains finissent totalement schizophrènes...
- Je
vois… ainsi docteur, il n’existe aucun remède réellement
efficace et inoffensif pour l’organisme ?
Le
médecin soupira…
- Hélas,
monseigneur, aucun ne combat véritablement le socialisme… du moins
en France. Autant vous le dire tout net, notre pays est complètement
démuni. En réalité, monseigneur, je connais beaucoup de Français
fortement allergiques tout comme vous, et excédés, qui décident
d’aller suivre une cure plus ou moins longue à l’étranger. On
trouve de bons établissements de soins aux Etats-Unis, au Canada, en
Suède, en Nouvelle-Zélande… c’est peut-être ce qu’il y a de
mieux à faire pour l’instant, en attendant l’apparition d’un
remède miracle, enfin, chez nous.
Il
s’interrompit pour épousseter ses lunettes avec un mouchoir puis
reprit, quelque peu abattu :
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