Il
faisait bon vivre en France, ce pays opulent et généreux dont le
modèle social était envié du monde entier mais que, bizarrement,
personne ne voulait copier. Ses habitants étaient heureux de vivre,
la Seine-St-Denis, de loin le département le plus riche du pays en
raison de sa diversité – car, faut-il le rappeler, la diversité
est une richesse – rayonnait sur le continent, les communautés
vivaient dans la paix et l’harmonie, les trains ne déraillaient
que par accident, les journalistes faisaient vraiment leur travail,
et le président de cette république exemplaire était aimé et
respecté de tous, ainsi que ses ministres.
Toutefois,
un danger dangereux et menaçant menaçait cette contrée paisible,
ce phare du progrès et de l’humanité. Ce danger n’était autre
qu’un homme, que dis-je un homme, il ne méritait pas ce nom, mais
une créature infernale à la tête d’un parti politique, une
véritable armée haineuse prête à fondre sur les pauvres Français.
Cet homme, aussi laid que son âme était noire et sa chemise brune,
ne possédait qu’un seul œil, et tel un gigantesque Polyphème de
granit, il peuplait les cauchemars des petits enfants du beau pays
métissé de France. On l’appelait tout simplement « la
bête ».
Un
jour, lors d’une réunion de son parti, la bête s’avança vers
l’estrade et prit la parole devant les caméras qui
retransmettaient son discours dans toute la France, et la petite
phrase qu’il prononça fit trembler de colère et d’effroi le
cœur généreux des vaillants démocrates :
La
bête (partant
d’un assourdissant éclat de rire machiavélique) :
quand il fait beau, le ciel est bleu, et quand il fait mauvais, le
ciel est gris ! HA ! HA ! HA ! HA ! HA !
HA ! HA ! HA !
Bouh! |
Ce
furent, on s’en doute, des hoquets d’indignation bien légitimes
qui secouèrent le pays ; une telle provocation, un tel message
de haine et de rejet de l’autre ne pouvait être accepté au pays
des droits de l’Homme !
Aussitôt
des comités républicains de vigilance se mirent en place, afin de
lutter contre la bête immonde dont le ventre était toujours fécond
d’où étaient sorties les heures les plus sombres (ou quelque
chose comme ça).
De
même, de courageuses personnalités, ou bien de simples citoyens
engagés, n’hésitaient pas à donner de leur temps pour se rendre
dans les écoles et prêcher aux jeunes élèves, qui pouvaient se
laisser influencer par la bête, ce qu’était la Vérité
officielle.
C’est
ainsi que dans une petite école primaire de la région parisienne :
Instituteur :
un peu de silence les enfants, s’il vous plait ! Je vous prie
d’accueillir monsieur Lilian Thuram qui a eu la bonté de venir
vous voir pour vous parler de la tolérance ! Comme monsieur
Thuram est une célébrité internationale, je vous demande d’être
bien conscients de l’honneur qu’il vous fait !
Cartman :
qui ça ???
Instituteur :
Lilian Thuram, Eric, et quand on est bien élevé on ne dit pas « qui
ça » !
Kenny :
MmmmMmmmmMMMm ?
Instituteur :
non Kenny, ce n’est pas une star du X, c’est un ancien
footballeur !
Thuram
(faisant son entrée avec un journaliste et un cameraman) :
bonjour les petits enfants noirs ! Tiens, y a quand même
beaucoup de blancs ici…
Cartman :
ouah ! Y a la télé !!! J’vais être célèbre !
Instituteur :
les enfants, monsieur Thuram est venu vous faire une déclaration
très importante ! Alors concentrez-vous sur ce qu’il va vous
apprendre !
Stan :
on est obligé d’écouter ?
Instituteur :
oui Stan, parce qu’après vous aurez une interrogation écrite sur
ce que monsieur Thuram va vous dire !
Stan :
fait ch’…
Thuram
(d’une voix mielleuse) :
alors les enfants, j’ai une question à vous poser : combien,
selon vous, le ciel peut-il prendre de couleurs différentes ?
Oui le petit garçon avec le chapeau vert ?
Kyle :
il est si moche que ça, Ribery, m’sieur ?
Instituteur :
Stan ! Tu te tais et tu réponds à la question – enfin, je me
comprends ! - au lieu de dire n’importe quoi! (A Thuram) Ne
faites pas attention, ils sont un peu dissipés…
Thuram :
oui, les enfants blancs sont souvent insupportables… alors, pour
faire court, les enfants, la réponse est : « une seule »,
car les couleurs du ciel n’existent pas ! Ainsi donc il n’y en
a qu’une et c’est toujours la même, et quand elles sont
différentes elles sont pareilles car la différence est une source
d’enrichissement ! En résumé le ciel n’a pas de couleur,
mais elles sont toutes différentes tout en étant égales et
uniques !
Stan :
c’est pas très clair !
Journaliste
(au cameraman) :
je crois qu’on va couper cette partie au montage…
Thuram :
oui, le petit garçon (ou la petite fille) étrange avec l’anorak
orange ?
Kenny :
MmmmMMmmmmMMmm !
Thuram :
non, petit, tu te trompes ! Il n’y a qu’une seule couleur du
ciel, ce sont les plus grands scientifiques qui le disent ! Fais
attention ! Tes pensées sont nauséabondes !
Kenny :
MmmmmmMMMMMM !
Thuram :
mais il insiste ce sale petit blanc ! Bon, viens avec moi à la
fenêtre (tenant Kenny à bout de bras) là, tu vois bien que le ciel
n’a qu’une couleur !
Mais
hélas, le pauvre Kenny glisse entre ses mains et vient terminer sa
chute du troisième étage empalé sur une grille de la cour de
récréation…
Thuram :
oups, désolé…
Stan :
oh mon Dieu ! Il a tué Kenny !
Kyle :
espèce d’enfoiré !
Instituteur :
ça devient répétitif, quand même…
Journaliste
(toujours au cameraman) :
ça aussi, fais-moi penser à le couper au montage !
Thuram
(consultant sa montre) :
bon, ce n’est pas tout, j’ai encore d’autres classes à manipu…
je veux dire à visiter, je dois y aller. Désolé les enfants, je
n’ai pas le temps pour les autographes ! (à l’instituteur)
N’oubliez pas de dire à votre directeur : le chèque de vingt
mille euros libellé à mon nom, d’accord ? (Il sort).
Société
de conseil Thuram
& co :
filiale d'Afflelou spécialisée en antiracismeTM sélectif
|
Comme
on peut l’imaginer, les déclarations de la bête avaient fait
l’effet d’une bombe, et les glorieux résistants au fascisme avec
seulement soixante-huit ans de retard se relayaient sur les plateaux
de télévision pour appeler au sursaut citoyen :
Mélenchon
(tenant Alexis Corbière en laisse) :
allez Alexis, comme à la répétition : vas-y de ta petite
larme… et si tu n’y arrives pas cette fois, pense à quelque
chose de triste, par exemple… je ne sais pas moi… la guerre
nucléaire, le chômage à 50%, une pandémie mortelle, … ou même
pire, Castro qui prend froid ou un militant du Front de Gauche qui
passe chez Marine !
Bourdin :
alors Alexis Corbière, quelles sont vos réactions face aux
déclarations de la bête ? Vous avez l’air bouleversé en
tous cas !
Corbière :
jeu… coment vous voulais que… que je garde mon sant froit dans
un momend pareille ? jeu.. sniffe !... je suis absolumment
horifier par cette histoire… sniffe !... vous... vous render
conte ! Dire que quant il fais bau le ciele est bleu et que
quand il fait mauvai le ciele est grit… sniffe !... mais c’est
du colorisme vous comprener ! On ne peut laissé passé cela !
sniffe !
Mélenchon
(en lui donnant un morceau de sucre) :
bien, Alexis, bien ! Bon dépêche-toi, on a aussi le 20h de TF1
à faire !
Les
personnages les plus importants de l’État, mis au courant de ces
déclarations choquantes, ne restaient pas sans rien faire. C’est
ainsi qu’en conseil des ministres :
Hollande :
alors… euh… nous sommes réunis… euh… pour évoquer un sujet
grave… euh…
Valls :
pourrais-je savoir pourquoi personne ne se met à cote de moi ???
Nous sommes pourtant soixante-dix-sept ministres et cent
quarante-deux sous-secrétaires dans ce gouvernement ! Il n’y
a pas assez de place pour tout le monde !
Peillon :
euh… on ne savait pas comment te le dire, mais tu sens le gaz…
Hollande :
… je disais donc…
Ayrault :
c’est inqualifiable, vous vous rendez compte ! Lors du dernier
accident de train en banlieue des jeunes ont fait les poches des
victimes, et ont même balancé des cailloux sur les secours et les
forces de l’ordre !
Taubira :
ça va, ils s’amusent, il faut bien que jeunesse se passe ! On
ne va tout de même pas les mettre en garde-à-vue pour si peu !
Montebourg :
et sinon tout le monde… enfin ceux qui m’écoutent… pour
Moulinex, on fait quoi ?
Valls :
ben non, surtout que je n’ai pas assez de policiers pour ça…
tous mes effectifs sont occupés à verbaliser les automobilistes ou
à arrêter ceux qui se promènent avec un T-shirt de la « Manif
pour tous », il faut savoir hiérarchiser les priorités !
Taubira :
et puis de toutes façons je n’ai pas assez de places en prison
alors…
Ayrault :
mais non, ça on s’en fout ! Le problème ce n’est pas ce
qu’ont fait ces jeunes, c’est que les gens soient au courant !
Il y a eu des fuites ! Si les Français commencent à être
informés, ça devient grave !
Hollande :
en fait… euh… je voulais parler de…
Duflot
(avec les larmes aux yeux) :
personne n’a vu mon téléphone portable ? Mon dieu…
j’espère que je ne l’ai pas oublié à la maison, avec mon
andouille de compagnon qui risque de tomber dessus et de tweeter
encore n’importe quoi... le problème avec lui c’est que je ne
peux lui offrir que des jouets pour les gosses de moins de trente-six
mois, sinon c’est trop dangereux !
Montebourg :
il y a quelqu’un qui fait attention à moi, là ???
Hollande :
… en fait le sujet du jour c’est…
Filippetti :
qu’est-ce que c’est chiant ministre de la culture ! Pourquoi
j’ai accepté ce poste ??? En fait je pensais que je devrais
m'occuper de jardinage et de potagers, que ce serait sympa quoi... si
j'aurais su ! En plus je n’y connais rien, moi ! Tenez,
je viens de recevoir une demande de subvention pour un festival de
théâtre Nô… il parait que ça vient du Japon… enfin je n’en
sais rien… je ne sais même pas où c’est, d’abord !
Hollande :
euh… je crois que j’y suis allé mais je ne suis pas sûr… en
tous cas je sais que la capitale c’est Pékin ! Ou Le Caire ?
non, ça c’est celle de la Tunisie…
Duflot :
oh, c’est loin, c’est dans l’hémisphère sud…
Filippetti :
dans l’hémisphère sud ? C’est un pays pauvre alors, donc
une source d’enrichissement inestimable pour le peuple ignorant,
nauséabond et facho… subvention accordée !
Touraine :
on ne pourrait pas ouvrir une fenêtre, là ? Il fait une de ces
chaleurs !
Montebourg :
je vous signale que je n’ai pas mis de pantalon et que je porte un
magnifique string léopard ! Bon… toujours aucune réaction…
Ayrault :
non, gardons les fenêtres fermées, avec les manifestants dehors qui
passent leur temps à nous huer et à siffler on ne s’entend plus !
Hollande :
…euh… youhou ! Le chef c’est… euh… c’est moi !
Je… je suis en train de vous parler là ! J’aimerais bien
que l’on fasse attention à moi !
Montebourg :
ah, c’est chiant, hein ?
L’opposition,
bien entendu, n’était pas en reste et, formant une sorte d’union
sacrée avec toutes les forces de progrès, communiait dans un
vibrant élan républicain, pour contrer la bête immonde :
Copé
(en haillons, faisant la quête avec une sébile dans le métro) :
mesdames et messieurs, pardon de vous déranger durant votre trajet,
mais je vous demande juste un euro ou deux, ou bien un ticket
restaurant, pour alimenter les caisses noires de l’UMP et ce, afin
de rester digne, à défaut de rester propre, merci !
Fillon
(à l’autre extrémité du wagon) :
mesdames et messieurs, surtout ne donnez rien au sinistre gueux qui
vient ainsi vous importuner ! C’est un bon à rien ! Moi,
en revanche, je suis digne de votre confiance ! Ah et puis
aussi, si jamais vous croisez un gnome hideux et machiavélique
répondant au nom de Nicolas, n’hésitez pas à le pousser par
inadvertance de ma part sous une rame. Je dis bien par inadvertance
afin que cela ait l’air d’un accident ! En vous
remerciant... !
A
la télévision, de courageux animateurs et présentateurs faisaient
bloc pour informer les téléspectateurs du danger représenté par
la bête. C'est ainsi que, dans le local où se réunissaient les
très talentueux auteurs des « Guignols de l'Info » :
Auteur#1 :
franchement c’est trop bien d’être un mec branché, sympa, cool,
ouvert et moderne comme moi, qu’est-ce que je m’aime ! Oh
oui ! Oh oui… !
Auteur#2 :
oauis, franchement, je ne comprends pas comment il peut y en avoir
qui ne pensent pas comme nous, tellement qu’on est géniaux, ça
craint ! On représente quand même l’esprit Canal ! On
n’est pas n’importe qui ! Oh oui ! C’est bon... !
Auteur#3 :
c’est vrai, tous ces ringards réacs qui ne nous aiment pas parce
qu’on est tellement supérieurs à eux, et trop sympas et je…
euh… dis Raoul, tu peux me rendre ma main, là ? Moi aussi
j’aimerais me… enfin tu vois, quoi…
Auteur#1 :
oh oui ! oh oui !... ah pardon, j’ai confondu avec la
mienne, dans le feu de l’action… attends bouge pas, je vais te la
laver…
Auteur#3 :
c’est bon, je peux le faire moi-même, j’ai l’habitude moi
aussi…
Auteur#2 :
bon, par contre les mecs, on a un problème… l’audience de
l’émission est en chute libre depuis quelques années, je viens de
voir les chiffres… je crois que notre humour est trop élaboré et
subtil pour le public ! Nous sommes des artistes maudits de
l'humour en quelque sorte...
Auteur#3 :
fais voir ? Wahou ! 3% de part de marché ! Tout de
même c’est beaucoup ! Je ne savais pas qu’on avait autant
de fans !
Auteur#1 :
et puis ça fait toujours 3% de plus que l’audience de ce blog…
Auteur#2 :
euh… en fait une enquête a été menée, et elle a montré que 72%
dudit public est en réalité composé de bras cassés dont la
télévision est en panne et est restée bloquée sur Canal+… ce
qui fait que 57% de ceux-ci ont préféré se défenestrer à l’idée
de devoir nous regarder 24h sur 24
Auteur#1 :
ah… je me disais aussi…
Auteur#2 :
ouais… euh… sinon les gars, personne n’aurait du sopalin ?
De leur côté, de généreux artistes engagés luttaient avec leurs mots et leurs idées, pour faire triompher le Bien et la tolérance face à l’obscurantisme…
Bertrand
Cantat (entouré de ses musiciens) :
les mecs, l’heure est grave ! Les fascistes sont à nos
portes ! Vous avez entendu ce qu’a osé dire la bête ???
Nous, Bertrand Cantat, conscience universelle super cool de
l'humanité et modèle à suivre ultime, nous ne pouvons le tolérer !
Vous savez quoi ? Nous (dans le sens « vous » et
« nous ») devons apporter nous aussi notre pierre à la
lutte contre le Mal ! Il nous faut composer des chansons pour
avertir le public ! Si nous ne faisons rien, des hordes de nazis
vont venir jusque dans nos bras égorger nos filles et nos
compagnes ! Et nous, Bertrand Cantat, des sales types qui butent
les femmes, nous ne pouvons pas l’accepter !!!
De
courageux citoyens se constituaient également en association afin de
faire barrage au bruit des bottes que l’on allait bientôt entendre
dans nos rues. C’est ainsi que dans le local de l’association
« Ras la bête », créée tout spécialement pour cette
raison :
Président (devant
les militants) :
camarad-e-s ! Le fascism-e ne passera pas ! Faisons tous le
serment que nous nous battrons jusqu’au bout pour empêcher nos
ennemi-e-s mortel-e-s de diffuser leurs idé-e-s nauséabond-e-s dans
la population ! Faisons le serment de les éliminer, au besoin,
si la défens-e de la démocrati-e, de la toléranc-e et de la
liberté d’expression est à ce prix ! Mais en fait, si je
vous ai reuni-e-s, c’est pour vous parler d’une décision
important-e : devant l’imminenc-e de la menac-e fascist-e
prêt-e à fondr-e sur nous, nous avons décidé de rentrer dans la
clandestinité et de prendr-e le maquis, comme nos glorieux
ainé-e-s ! La liberté et l’independanc-e sont à ce prix !
Plus de contact avec cette société qui génèr-e la hain-e !
Vive la liberté et l’anarchi-e ! Bon, par contre, il faudra
penser à communiquer notre nouvell-e adress-e au conseil général,
histoir-e de continuer à percevoir les chèqu-e-s de subvention…
L’esprit
de résistance gagnait en outre les établissements scolaires,
surtout les collèges et les lycées ou les adolescents se
dépensaient sans compter, car c’est bien connu, à quinze ans on
possède une telle maturité et une telle expérience de la vie que
l’on peut servir de guide aux adultes naïfs et quelque peu perdus
devant la complexité du monde moderne…
En
effet, au sein d’une manifestation lycéenne d’une grande ville
de province :
Élève#1 :
^o^ MDR !!! C TRO LOL LA MANIF ALOR KON AURÉ COUR 2 MAT A LA
PLASS !!!
Élève#2 :
è_é OUÉ MÉ ATTENTION ON FÉ CA CRIEU, C PA POUR RIGOLÉ, C POUR
LA LUT KONTR LÉ FACHO !
Élève#3 :
é_è OUÉ CRIEU CHUI TRO VENER KYA DES MECS KI SON D FACHO, TRO
DEG !
Élève#4 :
è_é OUÉ, GRAV, LA BET ON TENKUL ! NIK LA BET ^o^ MDR !
MDR !!!
Élève#5 :
dites, vous autres, pourquoi vous parlez tous en langage SMS ?
Il y a des moyens de s’exprimer autrement quand c’est à l’oral,
vous savez !
Élève#6 :
o_O C KI C’RELOU ???
Élève#7 :
è_é OUÉ CRIEU CHUI SUR KCÉ 1 NAZI !
Élève#1 :
è_é
Élève#2 :
è_é
Élève#3 :
è_é
Élève#4 :
è_é
Élève#5 :
é_è… TRO PA ! CT POUR DEKONÉ ! ^o^ MDR MDR !!!
TRO TRO LOOOOOOL !!!
Élève#8
: ^o^ G TRO LA KLASS AVEK MON TSHIRT CHE GUEVARA ASHTÉ CHÉ CELIO,
ET MON POSTER 2 PIER LOREN DAN MA CHAMBR, CHUI TRO 1 REUBEL !
GRAV !
Élève#7
: O_O C KI PIER LOREN ???
Élève#9 :
^o^ MOI OSSI MON TSHIRT CHE GUEVARA IL EN JET GRAV ! CHUI TRO
OUF ! C LA REVOLUSSION! A MOR L KONFORMIST !
Élève#10 :
^_^ HE KEVIN ! TA PA VU GNIFER ? FO KE JLUI KOZ !
Élève#11 :
^_^ OUÉ L É DAN LA KEU DLA MANIF !
Élève#10 :
^o^ MDR !!! C NORMAL GNIFER M LÉ KEU ! LOL !!!
Élève#11 :
^o^ OUÉ TROP MOR 2 LOL ! TU LA TROUVRA FACILMEN L A 1 TSHIRT
CHE GUEVARA KOM LE MIEN É LE TIEN !
Élève#10 :
é_è EUH… TU VEU DIR KOM TOU LMOND ICI KOI !
Un
peu plus loin, dans une ruelle, un autre lycéen qui s'était
retrouvé isolé de la manifestation avait eu la chance de faire la
rencontre fructueuse de sympathiques jeunes issus de la diversité et
futurs prix Nobel, avides d'échanges culturels et d'enrichissement
mutuel :
Futur
prix Nobel#1 : ton portable, gros bâtard !!!
Lycéen
chanceux initié à richesse de la diversité : T_T AÏ AÏ
AÏ G MAL !
Futur
prix Nobel#2 : wesh ! T'en veux encore sale babtou ?
Tiens prends ça dans ta face de craie !
Lycéen
chanceux initié à richesse de la diversité : X_o OUÏ !
AÏ !
Futur
prix Nobel#2 : tatane lui bien sa gueule a c'gros bâtard de
raciste qui m'a r'gardé dans les yeux !!!
Lycéen
chanceux initié à richesse de la diversité : O_o AÏ !
AÏ MÉ JKOMPREN PA CHUI DVOT KOTÉ CONTR LA BET ! CHUI 1
ANTIFA !
Futur
prix Nobel#1 : ah ouais ? Ben prends ça quand même !
Et n'oublie pas d'me filer ton portable gros blaireau !
Lycéen
chanceux initié à richesse de la diversité : T_T OUÏ !
LE... LE VOALA !!!
Futur
prix Nobel#2 : sur le Coran j'te jure on peut plus sortir
d'nos jours sans être agressé par un sale bâtard de raciste !
Tiens !!!
Lycéen
chanceux initié à richesse de la diversité : X_X ARGL !
PARDON MSIEU !
Bref,
le pays entier se mobilisa, noblement, majestueusement, pour contrer
la menace fasciste qui s’apprêtait à fondre sur le pauvre peuple
désemparé, tant et si bien que la bête et son armée reculèrent,
penauds et honteux, mais avec la rage au cœur.
La
démocratie et la fraternité avaient gagné !
La
France retrouva sa tranquillité et ses banlieues, enflammées par la
provocation de la bête retrouvèrent leur calme et
leurs trafics habituels.
Les mois s’écoulèrent ainsi, paisibles et sereins.
Mais
un jour, hélas, la bête immonde remonta à la tribune, et
la petite phrase qu'elle prononça alors provoqua de nouveau
l’indignation de la France de la justice et des droits de l’Homme
qui sonna une fois de plus le tocsin en décrétant l’alerte
générale :
La
bête (avec un rictus haineux, et la bave aux lèvres) :
DEUX ET DEUX FONT QUATRE !!!!
La
menace menaçante menaçait de plus belle, encore et toujours…
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