samedi 21 janvier 2012

Anthropologie

Il est une frange de la population aux comportements étranges, déroutants, échappant à toute logique élémentaire.
Ces gens se considèrent comme des prophètes en un sens, venus tirer de leur torpeur les peuples assoupis dans une dangereuse léthargie, tels le dragon Fafner dormant sur son tas d'or sans voir venir le danger.
Ces gens se voient bien évidemment comme des phares de l’humanité des “qui vont dans le sens de l'Histoire”, des “qui ont forcement raison” ou alors, s'ils se trompent, c'est sans importance, et cela est dû à leur nature généreuse, peut-être un brin naïve, mais si touchante en fait. Bref on ne peut leur en tenir rigueur.
Ces gens enfin portent haut et fièrement l’étendard de leur patrie éternelle, assimilée dès lors à une véritable religion sans réelle divinité, mais dont les saints et martyrs sont légion : la gôôôôôôche (Alléluia, agenouillez-vous pauvres pécheurs!).

La principale caractéristique de ces individus qui ne se sentent exister que lorsqu'ils sont regroupés en troupeaux, bêlant des slogans qui feraient honte à un redoublant de maternelle, est qu'ils usent et abusent de termes comme “tolérance”, “respect” et “démocratie” sur lesquels repose toute leur philosophie, à les entendre. Mais par un incroyable coup du sort, une destinée tragique, ces malheureux semblent incapables de comprendre le sens réel de ces mots et paraissent dès lors condamnes à agir en désaccord total avec ce qu'ils prêchent, en particulier lorsqu'ils rencontrent des personnes assimilées à l'horrible extrême droââââââte” (frissons d’épouvante dans la salle).
En effet, dans le subconscient (ou est-ce l'inconscient?) des gens de gôôôôôôche, le monde dans son immense complexité se réduit à la lutte entre les forces du Bien (eux) et les forces du Mal (tout le reste, mais en particulier l’extrême droââââââte”). Le pire est que parmi les gens de gôôôôôôche se rencontrent de nombreux intellectuels autoproclamés qui reproduisent dans leurs analyses ce schéma “plus manichéen que ça tu meurs”.
Moi, bêtement, je croyais que le mot “intellectuel” désignait une personne dont l’activité principale est de porter un regard profond et complexe sur un problème particulièrement ardu pour le commun des mortels qu'il est chargé d’éclairer de ses chatoyantes lumières. Pas un imbécile à lunettes apparaissant devant les cameras pour faire part de son indignation éventuelle sur tel ou tel fait de société et dont on connaît déjà la teneur des propos avant même qu'il l'ouvre, tellement sa manière de penser est simpliste et prévisible.
Oui un clown comme Sartre par exemple...
Attention, un intellectuel de gôôôôôôche peut être vraiment doué d'une intelligence supérieure tout en versant dans la bêtise la plus crasse et la plus navrante lorsqu'il s'agit de prendre position pour un fait politique. Sartre en est justement l'illustration parfaite. Ainsi cet écrivain illustre au génie visionnaire nous a pondu une pièce comme Nekrassov mettant en scène un personnage se faisant passer pour un dissident soviétique, ce qui permet à l'auteur de condamner ceux qui font profession d'anticommunisme en pleine guerre froide. Quand on sait que cette œuvre a été créée peu de temps après l'authentique affaire Kravchenko, cible manifeste de Sartre, on se dit que cette fois encore le père Jean-Paul a fait preuve d'une lucidité que je qualifierais... d'éblouissante (pour rester poli). Et ses fils et filles spirituels qui prennent son relais et se ridiculisent maintenant à sa place ne devraient pas être reniés par le grand homme, tellement sa bêtise semble leur avoir été transmise avec une efficacité qui laisse pantois...

mais revenons à nos moutons (c'est le cas de le dire)... si j’écris ces lignes indigestes, c'est bien pour mettre en lumière un phénomène curieux et non moins fascinant : la propension de ces gens à être aveuglés par la haine et l’intolérance, alors même qu'ils prétendent les combattre, cette haine se dirigeant bien entendu vers ceux accusés d'appartenir à l’extrême droââââââte.
Il faut en effet savoir que pour les gens de gôôôôôôche un individu venant de l’extrême droââââââte, ou soupçonné de l’être (oui, non contents de présenter de sérieuses déficiences mentales, les gens de gôôôôôôche expliquent à longueur de journée « qu'il ne faut pas faire d’amalgame, tout en amalgamant sans vergogne le moindre adversaire au fascisme le plus primaire... comprenne qui pourra), est la pire des horreurs imaginables, et n'est bien-sûr pas un être humain, encore moins un animal. Cette personne, même si elle n'a jamais commis de crime dans sa vie, est une entité vivante à éradiquer, une anomalie tout simplement, et dès lors tous les moyens sont bons pour l’empêcher d'exister, au mépris le plus total des droits justement humains, et lorsque l'on sait que les gens de gôôôôôôche se voient comme d’héroïques résistants cernés par des hordes de fascistes en furie (le fameux “tout ce qui n'est pas avec moi est contre moi”), il semble que cela fait un sacré paquet d'hommes et de femmes à haïr et à éradiquer.
Bref du boulot en perspective...
C'est ainsi qu'il y a quelques semaines de cela, des militants de gôôôôôôche n'ont rien trouvé de mieux que de manifester (oui la « manif » pour les gens de gôôôôôôche est un peu comme la composition d'une chanson niaise pour Yannick Noah : un rituel auquel on ne peut déroger) contre la venue à St Denis de la présidente d'un célèbre parti situé tout à droite de l’échiquier politique. Jusque là rien de blâmable, chacun ayant le droit d'exprimer son avis, et nul ne vous impose d’être en accord avec les thèses que défend ce mouvement (heureusement d'ailleurs). Mais cela se corse singulièrement quand lesdits manifestants commencent à s'en prendre physiquement aux participants de la réunion, en allant jusqu’à leur cracher dessus. Que l'on m'explique en quoi ce comportement héroïque revient à lutter contre la haine et l’intolérance, parce que là, non, sérieusement je ne vois pas.
Ou alors la haine et l’intolérance ne sont justement pas du côté que l'on croit, ce qui expliquerait bien des choses...
Plus récemment encore, j'ai appris que des manifestants (160, attention, c'est du lourd!) du Bien s’étaient réunis à Bordeaux pour faire part de leur désaccord quant à l'implantation au sein de la ville d'une antenne d'un autre mouvement dit d’extrême droââââââte. J'avoue être quelque peu perplexe vis-à-vis de ces gens qui parlent sans arrêt de démocratie mais qui refusent que les membres d'un parti dont ils ne partagent pas les idées puissent s'exprimer. Un peu comme si la France leur appartenait et qu'ils pouvaient dès lors désigner ceux qui ont le droit de faire campagne et ceux qui ne le peuvent pas.
Étrange notion de la démocratie, en vérité...
Parmi eux, évidemment, nos chers amis du NPA, que l'on ne présente plus, des représentants d'associations étudiantes (mais en quoi cela les concerne???) et des membres de la LDH (Ligue des Droits de l'Homme) , vous savez ces types qui semblent nettement préférer la défense inconditionnelle du droit de n'importe quel barbu fou à lier à proférer les menaces de mort les plus violentes "parce que l'autre là-haut le lui ordonne", à celle de la liberté de réunion d'hommes et de femmes dont le seul tort est d’adhérer à des idées qui ne plaisent pas à ces niais incurables aux discours préfabriqués.

Je vais vous dire en fait, parfois je me demande si tous ces énergumènes ne sont pas les meilleurs propagandistes de Marine Le Pen, puisqu’il faut la nommer, parce que j'avoue que plus je les vois, plus j'ai envie de faire l’opposé de ce qu'ils m'exhortent à faire, tellement leur dialectique d’amputés de la boîte crânienne m'insupporte, et j'imagine que je ne suis pas le seul dans ce cas.

Mais sont-ils seulement capables de comprendre cela, eux qui ne sont pas fichus de voir qui, de nos jours, sont les véritables fascistes...?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire