La première
fois que j’ai vu une œuvre de Trémois, ce devait être enfant
chez des amis de mes parents. Au dessus de la cheminée massive
trônait une imposante gravure montrant d’un côté une tête de
femme, fort belle, avec un aigle, et de l’autre un crâne éclaté
par une flèche, comme si le regard de la jeune femme à la
fascinante et venimeuse beauté avait lancé la flèche. Je ne
comprenais rien à ce que je voyais, mais je me souviens avoir été,
malgré mon jeune âge, pétrifié (du moins autant que peut l’être
un morveux de six ans) par cette représentation ésotérique.
J’ai alors fait le
rapprochement avec la reproduction d’une autre gravure que mes
parents conservaient dans leur appartement. Celle-ci représentait un
homme nu, replié sur lui-même, comme un fœtus adulte, entouré de
symboles mystérieux. Cela s’appelait « Jeune homme de
l’Apocalypse ». C’était la même pâte, c’était le même
artiste, et son nom était « Trémois ».
Pierre-Yves Trémois est
maintenant un vénérable membre de l’Académie des beaux-arts. Je
ne l’ai jamais rencontré, bien qu’il soit encore en vie, et je
le regrette beaucoup (et ce n’est pas le fait que j’habite
maintenant aux Etats-Unis qui arrangera cela…), aussi ne puis-je
écrire grand-chose à son sujet, si ce n’est que dans chacune de
ses œuvres son trait fin, agile, flamboyant, racé, provoquant,
poétique, violent, fuselé, me fascine encore et toujours, comme si à chaque fois je le redécouvrais.
Les quelques exemples ci-dessous
peuvent donner une idée du talent du maître :
Ici un site consacré à ses œuvres.
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