En France, d’après l'adage populaire, nous n'avons pas de pétrole, mais nous avons des idées.
Je ne dis pas de bonnes idées hein, attention, je parle d’idées tout court... ainsi le NPA, énième parti d’extrême gauche (on ne les compte plus...) plus destiné à nous faire rire qu'autre chose est quand même une idée bien française, mais de là à dire qu'elle est lumineuse il y a un pas que je m'empresse de ne pas franchir...
Il est toutefois certain que quelques unes de nos idées valent malgré tout le coup. A quoi les reconnaît-on? C'est simple, elles sont imaginées chez nous mais elles sont le plus souvent développées à l’étranger, en particulier dans le domaine scientifique. C'est également vrai pour le secteur cinématographique où certains films bien de chez nous arrivent à intéresser quelque producteur américain. Il n'est cependant pas question dans ce cas de reprendre cette œuvre telle quelle mais de l'adapter aux goûts des spectateurs d'outre-atlantique en en tournant une deuxième version qui sera bien évidemment exportée, le public français étant assez neuneu pour se ruer dessus alors que leurs amis du nouveau monde refusent de leur rendre la politesse.
On peut ainsi citer, parmi des dizaines, si ce n'est des centaines d'exemples, “la Totale” de Claude Zidi avec Thierry Lhermitte, sympathique film d'espionnage loufoque qui a donné aux États-Unis 'True lies” de James Cameron avec Schwarzenegger... tout de meme Zidi et Lhermitte d'un côté, Cameron et Schwarzenegger de l'autre, on sent bien qu'on est passé d'une vision plutôt artisanale à un niveau plus, disons... industriel.
Mais pourquoi diable cet auteur de billets de mes deux nous parle-t-il de cela? se demande dès lors l’hypothétique lecteur ayant péniblement réussi à tenir jusque là , non sans étouffer un bâillement (ne mens pas hypothétique lecteur, je le sais, inutile de nier...!). Et bien tout simplement pour vous dire que cette manie de copier les idées (bonnes ou mauvaises) françaises et de les adapter à la sauce locale, principalement au pays du hamburger, ne se cantonne pas aux seuls domaine de la science et du cinéma. On le retrouve également dans le domaine sportif...
Non je vous rassure pas en football... les américains ne sont pas assez idiots pour essayer d'importer chez eux les recettes qui ont permis à onze connards facétieux millionnaires de se payer le luxe de faire grève lors d'un tournoi international.
Non les américains s’intéressent à des activités moins médiatisées. Il en va ainsi de notre bonne vieille pétanque, jouée de façon si pittoresque le long de notre littoral méditerranéen : cela a intrigué les sujets de l'Oncle Sam et ceux-ci ont décidé d'inventer la pétanque à l’américaine, et c'est de cela que j'ai prévu de vous parler aujourd'hui, n'ayant rien d'autre intéressant à faire, à part préparer les bonbons fourrés à la mort-au-rat et destinés aux petits cons gentils galopins qui iront bientôt frapper à ma porte avec leurs costumes de fantômes ridicules (tiens au fait, où ai-je encore pu égarer le cyanure?).
Nous allons d'ailleurs constater que la pétanque américaine présente autant de similitudes avec sa cousine marseillaise que le film « True lies » avec « la Totale », et ce n'est pas peu dire...
Tout d'abord que faut-il pour jouer à la pétanque américaine ? Trois fois rien si ce n'est
- un marquage fixe au sol qui fera office de cochonnet
- des sacs de farine qui feront office de boules
- des avions (dont l'essence remplacera avantageusement le pastis)
Oui cher lecteur (fortement) éventuel, je dis bien un avion, car il se trouve que la pétanque américaine se joue entre pilotes lançant les sacs de farine depuis leurs coucous dans l'espoir d’être le plus près possible du marquage, comme le montre la vidéo ci-dessous :
Avouez tout de même que cela a une autre gueule que nos débonnaires joueurs ventripotents haranguant de leurs accents chantants les spectateurs de la bonne mère...
Très bien me demanderez-vous, mais comment choisit-on son avion ? L’idéal est plutôt un appareil faiblement motorisé, style DR-400 ou C-152, capable de réaliser des évolutions lentes sans risquer le décrochage. Préférez cependant les avions à ailes hautes, comme les Cessna d'aéroclubs aux aéronefs à ailes basses, comme les Robin, la visibilité étant bien meilleure vers le sol et permettant une visée optimale.
Cessna 152 - ailes hautes
DR-400 - ailes basses
La technique me demanderez-vous ? Il y en a plusieurs, du pilote prudent qui préfère un passage rapide à une certaine hauteur pour limiter les risques, ce qui lui fait généralement rater totalement la cible (on les appelle « les pointeurs » car ils sont souvent proches de la vitesse de pointe bien trop grande pour ce cas de figure) au casse-cou frimeur effectuant un passage lent à quelques mètres du sol et à la limite du décrochage pour mieux assurer son coup, ce qui lui laisse peu de marge pour une remise de gaz (on les appelle « les tireurs » car tout leur cirque aérien a généralement pour but d'impressionner les petites demoiselles du public et d'en trouver une ou deux pour leur faire découvrir les beautés du septième ciel).
Les écrans radar avec les cercles concentriques régulièrement espacés sont idéaux pour déterminer lequel est le plus près du cochonnet
A noter toutefois que les américains, en plus de réinventer la pétanque, ont également développé la technique dite du « carpet bombing » consistant à littéralement noyer la zone de centaines de sacs de farine en un ou deux passages, selon l’idée que si l'on sature la zone il y aura bien un sac qui atterrira juste à côté du cochonnet, sinon y a de quoi se flinguer. Cette technique a été utilisée pour la première fois en 1943-45 lors des mondiaux de pétanque en Allemagne, avec succès car c'est ainsi que les américains ont remporté la coupe (comme le disait Pappy Boyington : "la pétanque, c'est pas pour les pédés!").
Cette technique est toutefois déconseillée car elle présente le défaut de tout réduire en miettes dans un rayons de plusieurs kilomètres autour du cochonnet, y compris les spectateurs et l'arbitre (dont le rôle est le plus souvent endossé par un contrôleur aérien), ce qui est quelque peu gênant lorsque l'on a besoin de témoins pour valider le point.
La finale de la coupe du monde de pétanque américaine à Berlin en mai 1945
Pour achever cet exposé sur une touche plus personnelle, permettez-moi de vous faire part de mon expérience sur le sujet. Bénéficiant d'un brevet de pilote privé et étant membre d'un aéroclub aux États-Unis je me suis bien volontiers prêté au jeu et, muni d'un C-152 et d'une passagère jouant le rôle d'officier bombardier, j'ai également tenté ma chance, histoire de défendre l'honneur des trois couleurs.
Et bien il se trouve que je suis bien meilleur dans l'art de toucher les spectateurs ou les voitures garées aux alentours que le cochonnet. Enfin quand je dis « je » c'est surtout ma passagère hein, celle qui jette les sacs...
Mais je vais être bon prince et déclarer que tout cela était la faute du vent qui soufflait fort ce jour là.
Putain de vent...
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