Hôtel de ville de Paris,
ces jours-ci :
Secrétaire (faisant
son entrée) : monsieur le maire, voici le dossier des
subventions et dépenses générales que vous avez demandé !
Delanoë :
ah, oui, merci, mon petit, posez le sur mon bureau, je vous prie !
Hidalgo :
dis-moi, Bertrand, pourquoi as-tu absolument tenu à ce que je sois
présente maintenant, dans ton bureau ?
Delanoë : parce
que, ma petite Anne, tu es destinée à me succéder, et qu’en tant
que futur maire socialiste de Paris tu dois savoir t’occuper du
cœur même de notre fonction, c’est-à-dire les subventions !
Hidalgo : ah ?
Delanoë : oui,
savoir à qui donner, et combien. Tiens, là par exemple j’ouvre le
dossier à la page des associations culturelles. Alors je trouve donc
« Act Up », que nous subventionnons bien évidemment…
Hidalgo : c’est
culturel comme association Act Up ?
Delanoë : ma
petite Anne, tu sais comme moi qu’un milieu culturel, en France, se
reconnaît non pas à la qualité de ses productions, surtout de nos
jours, mais au nombre impressionnant de trous du cul qui gravitent
autour. Dans ces conditions je ne vois pas pourquoi « Act Up »
serait écarté, sinon ce serait de la discrimination…
Hidalgo : c’est
vrai que dans leur cas, vu sous cet angle, si je puis dire…
Delanoë : nous
sommes d’accord, donc… alors nous disons « Act Up »,
subvention ! Bien. Tiens ! Là je lis « SOS
Racisme »… que bien entendu nous subventionnons aussi…
Hidalgo : ils
sont dans la rubrique « culture » parce qu’il y a
également beaucoup de trous du cul parmi eux, Bertrand, c’est bien
cela ?
Delanoë : non,
ils sont eux dans la rubrique « Renvoi d’ascenseur »,
mais ta remarque est pertinente, au passage…
Hidalgo : dis,
Bertrand, dans la rubrique « politique du logement » je
vois écrit « mixité sociale »… qu’est-ce-que c’est,
exactement ?
Delanoë : et
bien Anne, la « mixité sociale » consiste tout
simplement à obliger les différentes classes sociales, et surtout
les différents groupes ethniques, à vivre ensemble.
Hidalgo : mais
comment tu t’y prends pour obliger les gens à vivre entre eux,
Bertrand ? Et s’ils ne veulent pas ? On ne va tout de
même pas les mettre en prison ???
Delanoë :
ah ! Ah ! Ah ! Ma petite Anne, tu es très douée,
mais pas encore au fait de toutes les subtilités du progressisme.
Bon, je vais t’expliquer : tout d’abord, en guise de
précision liminaire…
Hidalgo : de
précision quoi ?
Delanoë : euh…
en guise d’introduction si tu préfères…
Hidalgo : ah,
d’accord, excuse-moi
Delanoë : oui,
je sais, ton coup de marteau encore, et ses séquelles, tout ça,
tout ça… ça ne s’arrange pas, on dirait, mais là n’est pas
l’essentiel… alors ma petite Anne, tu sais très bien qu’il
existe en France un fossé entre les riches blancs racistes et les
pauvres immigrés sympathiques et…
Hidalgo : oui,
mais nous ?
Delanoë : quoi
nous ?
Hidalgo : nous
sommes aussi des riches blancs racistes ?
Delanoë : mais
toi Anne, tu es d’origine immigrée, voyons, tu viens d’Espagne !
Et moi je suis né en Tunisie ! Nous sommes donc des immigrés
sympathiques !
Hidalgo : mais
nous ne sommes pas pauvres !
Delanoë : euh…
oui, effectivement… mais tu sais, Anne, parfois avoir de l’argent
c’est bien, car on peut l’utiliser pour, par exemple, faire le
bien, aider des esprits créatifs et talentueux mais nécessiteux, sur le modèle de l’illustre Mécène par exemple ! Tiens, regarde cette
splendide statuette en excréments de teckels que l’amicale des
artistes d’un squat du 10ème arrondissement m’a offerte pour me
remercier de mon soutien. Nous sommes du bon côté car nous sommes
des gens cultivés qui utilisons notre argent à bon escient, alors
que les autres riches sont des incultes racistes !
Hidalgo : tu
veux dire que nous, contrairement à eux, nous sommes sympathiques
parce que nous faisons partie d’un milieu culturel, et pas eux ?
Delanoë : oui…
en quelque sorte, ma petite Anne…
Hidalgo : mais…
mais… ça veut dire que nous sommes des trous du cul alors ?
Delanoë
(désarçonné) : euh… en fait Anne je disais cela pour
rigoler, tout à l’heure… hein… il ne faut pas prendre tout ce
que je dis au pied de la lettre… et je… euh… revenons au
principe de « mixité sociale » plutôt ! Alors tu
sais donc qu’en France et à Paris, pour simplifier, il y a un
fossé entre les riches blancs racistes qui ne sont pas comme nous,
et les gentils immigrés pauvres. Et bien figure-toi que les riches
racistes ne veulent pas vivre avec les pauvres immigrés, et se
barricadent dans leurs quartiers de riches, c’est scandaleux,
hein ?
Hidalgo : ben
toi non plus, Bertrand, dans ton quartier il n’y a pas beaucoup de
pauvres immi…
Delanoë (visiblement
agacé) : oui, bon, ta gueule ! Moi je suis le maire,
ce n’est pas pareil ! Je disais donc que les riches racistes
ne veulent pas des pauvres dans leurs quartiers très riches et se
réfugient entre eux, alors nous, que faisons-nous?
Hidalgo : ben…
on fait pareil?
Delanoë : euh... oui mais... je veux dire… officiellement… pour remédier à ce
problème ?
Hidalgo : je
ne sais pas !
Delanoë : et
bien nous rachetons des immeubles dans des quartiers très chers et
nous les transformons en logements sociaux !
Hidalgo : et
ensuite ?
Delanoë : et
ensuite nous offrons la possibilité à des familles pauvres et
immigrées de venir habiter dans ces logements, sous le nez des
riches, en leur demandant un loyer ridicule ! C’est super,
non ?
Hidalgo : mais
attends, Bertrand, si nous faisons cela, ça veut dire que nous
dépensons beaucoup d’argent pour peu de recettes, non ? Et
donc cela veut dire qu’il faut faire payer beaucoup d’impôts aux
Parisiens pour financer cette mesure, n’est-ce-pas ?
Delanoë : tu
as raison ma petite Anne, mais vois l’aspect génial de cette
idée : ce sont les contribuables aisés qui paient le plus,
bien évidemment, ce qui fait que nous obligeons les méchants riches
racistes à payer pour voir s’installer à côté d’eux des gens
dont ils ne veulent pas ! Nous les punissons deux fois pour leur
odieux racisme, c’est bien trouvé, non ? Mais ce n’est pas
tout : en général ces pauvres d’origine immigrée nous sont
si reconnaissants qu’ils votent pour nous sans sourciller. En les
installant dans des quartiers riches, donc de droite, nous avons une
chance de faire basculer certains de ces arrondissements dans notre
giron ! En clair nous gagnons sur toute la ligne !
Admirable, non ?
Hidalgo : mais
Bertrand, pourquoi est-ce que nous ne donnons qu’aux pauvres
immigrés ? Il y a des Français pauvres aussi… ce ne serait
pas de la discrimination ?
Delanoë : ah !
Ah ! C’est une très bonne remarque, Anne, mais tu vois, nous
avons pensé à tout : nous n’attribuons pas les logements
disponibles d’après la nationalité des familles candidates, mais
par rapport au nombre d’enfants. Or, de nos jours en France, ce
sont surtout les pauvres immigrés qui sont à la tête de familles
nombreuses ! Tu vois, il n’y a pas de problème !
Hidalgo : et…
les riches ne se révoltent pas ? Je veux dire… voir mes
impôts augmenter pour permettre à des gens que je n’aime pas de
venir s’installer sur mon palier… moi si j’étais à leur place
je hurlerais !
Delanoë : mais
non, ça marche je te dis ! Et c’est même pour cela que tu
vas sûrement me succéder ! Bon d’accord, si les Parisiens
n’étaient pas des bulots je n’aurais jamais pu être élu, mais
il ne faut jamais désespérer des électeurs français !
D’autant plus que tout cela constitue un cercle vertueux !
Hidalgo : comment
cela ?
Delanoë : et
bien plus tu dépenses pour tes électeurs, plus ils sont prêts à
voter de nouveau pour toi. En fait seuls les riches sont en colère,
car ils ont vraiment l’impression de se faire avoir, à juste titre
d’ailleurs ! Mais comme ils ne sont pas les plus nombreux ce
n’est pas grave ! L’important en tant que maire est de
favoriser une majorité en tapant sur une minorité impopulaire !
Retiens bien cette grande leçon ! Cela s’appelle le
clientélisme !
Hidalgo : je
vois mais… on n’appelle pas plutôt cela un cercle vicieux ?
Delanoë : en
fait cela dépend de quel point de vue on se place… pour un riche
raciste il s’agit évidemment d’un cercle vicieux, mais pour nous
cela ne peut qu’être vertueux !
Hidalgo (songeuse) :
ça alors… et même en sachant qu’ils paient pour faire venir des
gens dont ils ne veulent pas chez eux, des gens qui perçoivent des
aides multiples alors qu’eux-mêmes ont souvent dû travailler très
dur et en ne comptant que sur eux seuls pour arriver au même
endroit…. même en sachant cela ils ne se révoltent pas !
Delanoë : et
non… je sais, moi aussi j’étais stupéfait au début quand j’ai
vu que presque personne ne protestait, mais souviens-toi du cercle
vertueux, Anne. Financer une majorité avec l’argent d’une
minorité, c’est la formule magique ! Et n’oublie pas
d’ailleurs les nombreux media à notre botte et qui présentent
toute cette politique, les rares fois qu’ils la mentionnent, comme
l’ordre naturel des choses, n’hésitant pas à traiter d’odieux
raciste et à vouer aux gémonies quiconque ose moufter… ça passe
comme une lettre à la poste !
Hidalgo : mais…
tout cela est… monstrueux !
Delanoë (rougissant
de plaisir) : hé hé… merci, Anne, tu es bien gentille !
Tu peux même rajouter « inique », tiens !
Hidalgo (gênée) :
je… euh… ta vie privée ne me regarde pas, Bertrand...
Delanoë : …
Hidalgo
(guillerette) : en tous cas, j’en aurai appris des choses
aujourd’hui, grâce à toi… merci Bertrand !
Delanoë : mais
il n’y a pas de quoi ma petite Anne, c’est tout naturel ! Et
tiens… puisque tu t’apprêtes à sortir, peux-tu donner ce
document à mon secrétaire en passant ? Je te remercie…
Hidalgo :
bien-sûr, Bertrand mais… qu’est-ce-que c’est ?
Delanoë : oh
rien, une babiole… une demande officielle de remboursement auprès
du Ministère de l’Intérieur, rapport aux participants de la« manif pour tous » qui n’ont pas pu s’empêcher de saloper le Champ de Mars, dimanche dernier. C’est honteux cette
histoire d’ailleurs, et tu peux être sûre, Anne, que je ne
laisserai pas les Parisiens payer pour les dégâts de ces
irresponsables ! (se drapant dans sa dignité) Que
veux-tu… je ne supporte pas quand on dilapide l’argent du contribuable…
surtout pour des causes idéologiques !
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Vous pensez que j’exagère? Que je calomnie? Allez donc jetez un petit coup d'œil par ici...
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