Oui,
l'affaire Depardieu, une fois de plus...
Pour
tout dire j’écris ce texte parce que je suis tombé sur un article
relatant les propos de Monsieur Bartolone, Président de l’Assemblée
Nationale (ce qui en dit long, déjà...), à propos de l'exil de
Gérard Depardieu : “Il
[Depardieu] vient nous voir, il dit je vous rends votre passeport, je
vous rends votre carte Vitale. Mais c'est pas le passeport qui fait
le fait d'être Français, c'est le fait de se reconnaître dans les
valeurs de la République - liberté, égalité, fraternité -.
Pourquoi on vient du monde entier dans ce pays en disant: Je veux
être Français ? C'est ce contrat des valeurs qui fait que l'on est
Français”.
Bon,
mon petit Claude, je sais bien que tu es socialiste, ce qui implique
surtout que tu n'es pas très futé à la base, certes, mais je vais
te demander de faire un petit effort de concentration car je vais
t'expliquer une chose ou deux :
Alors
premièrement, déjà, tu confonds un pays, la France, avec un
système de gouvernement, la république. Dire que le fait d’être
français c'est se reconnaître dans des valeurs prétendument
républicaines est donc assez stupide. Cela sous-entend qu'un
auvergnat de souche et de conviction monarchiste n'est pas français.
A l'inverse un ardent républicain chilien serait ipso facto
français, même s'il n'a jamais mis les pieds dans notre pays, et
même s'il ne parle pas un mot de notre langue. On admire la
logique...
Ensuite,
mon petit Claude, réduire la France à un système de gouvernement,
en l’occurrence la république, est un petit peu réducteur. Cela
signifie également que la France d'avant 1792 – année de la proclamation de l’éphémère première République – n’était pas
la France, puisque ne portant pas haut les fameuses valeurs dont tu
parles. C'est un petit peu gros, non? J'imagine sans peine la tête
de Louis XIV en apprenant qu'il n'a jamais été roi de France. C'est
un petit peu ballot, vraiment, surtout en songeant que de ce fait il
nous faut tirer un trait sur des centaines d’années d'Histoire qui
ont vu l’érection (non Claude, ce n'est pas une référence
sexuelle, concentre-toi mieux, s'il te plaît...!) d'une multitude de
bâtiments somptueux, de nos cathédrales à Versailles en passant
par nos magnifiques châteaux de la Loire, l'apparition de
personnages hors du commun (Bayard, Richelieu, Racine,...). Bref tout
cela est à exclure, selon toi, car n'ayant aucun rapport avec la
république. Ce sont les touristes japonais qui vont avoir du mal à comprendre...
Et
puis, mon petit Claude, tu ne trouves pas cela un peu sectaire,
réduire la France à un système de gouvernement que tu plébiscites
sans doute, mais que d'autres personnes, aussi françaises que toi ne
portent peut-être pas dans leur cœur? Ainsi qu'aurais-tu dit en
1852 si un thuriféraire de Louis-Napoléon
Bonaparte, devenu Napoléon III, avait déclaré qu'”être français
c'est se reconnaître dans les valeurs impériales”? Tu l'aurais eu
un peu mauvaise, non, et tu n'aurais pas eu tort...
Bon,
et puisque tu évoques les fameuses “valeurs républicaines”, qui
semblent être selon toi la liberté, l’égalité et la fraternité,
j'aimerais que tu m'expliques en quoi ceci est propre à la
république. Ainsi, je vais peut-être t'apprendre quelque chose mon
petit Claude, mais il existe en réalité de nombreux pays aussi
démocratiques que la France (si ce n'est plus...), respectant les
notions de liberté, d’égalité et de fraternité au moins autant
que nous (si ce n'est plus...) et dont le système de gouvernement
n'est pas la république, mais la monarchie constitutionnelle.
Étonnant, non? Rien qu'en Europe on pourrait citer entre autres
l'Espagne, le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-Bas etc... et j'avoue,
mon petit Claude, que j'ai du mal à comprendre en quoi les valeurs
de ces peuples, qui au passage ne semblent pas plus scandalisés que
cela de ne pas vivre sous des régimes républicains, sont moins
nobles, moins respectables que les nôtres. Peut-être même les
partageons-nous, qui sait? Mais alors, cela voudrait dire que la
république n'a pas le monopole du Bien? Que de questions
embarrassantes, mon petit Claude...
Sur
ces quelques points je me répète, je le sais. J'ai déjà évoqué
cette idolâtrie ridicule de la république dans d'autres articles,
mais il est fatiguant de voir, Claude, que toi et tes petits camarades ne comprenez rien à
rien et qu'il faut sans cesse répéter les choses!
D'ailleurs,
si tu tiens vraiment à définir ce qu'est être français, je peux
t'aider, si tu veux. Ah non, je ne prétends pas détenir la Vérité,
loin de là, je te soumets juste une ou deux idées, un humble avis,
que tu es bien entendu libre de rejeter ou non. Ainsi je serais porté
à croire qu’être français revient à s'identifier aux nombreux
personnages – chefs d’état, écrivains, artistes, aventuriers,
scientifiques,... qui ont fait l'Histoire de France, notre Histoire.
Cela revient à faire sienne cette culture et cette langue façonnées
par ces siècles, au cours desquels la France a acquis son identité
– cette identité unique (bonjour le pléonasme!) qui ne saurait
être bradée ou considérée avec condescendance. Cela revient
également à considérer la France, son peuple et ses traditions
comme incomparables (pas “incomparable” dans le sens “supérieur
aux autres”, non pas du tout, mais “incomparable” dans le sens
“qui possède un caractère particulièrement cher à notre cœur,
une spécificité qui vaut le coup d’être aimée et défendue”).
Bref, mon petit Claude, il ne saurait être ici question de
considérer l'appartenance à la nation française à la va-vite, au
nom de je ne sais trop quelles « valeurs », et de penser
qu’après tout, ce peuple là ou un autre, c'est du pareil au
même... ainsi, pas question de remplacement de population, mon cher
Claude, sinon nous ne parlons plus de la France, mais d'une mosaïque
laide et informe. Bref, encore une fois, Claude, toi et tes petits
amis immigrationnistes vous avez tout faux...
Mais
allez, je sais que les socialistes ne comprennent pas grand chose à
la grande idée de Nation, aussi je n'insiste pas trop, mon petit
Claude. Oui, c'est bon, tu peux retourner dans la cour de recréation
si tu veux...
Ah
attends un petit peu, quand même, Claude... je sais que tu es un
socialiste de cœur (c'est dire si je m'attends à toutes les bêtises
de ta part, aussi je préfère prendre mes précautions avec toi...),
mais je trouve tout de même ta naïveté assez, disons,
époustouflante... non parce que croire que l'on vient du monde
entier et que l'on veut obtenir la nationalité française par amour
pour ces fameuses valeurs...
Allez,
mon petit Claude, je dois te laisser, mais il faudra tout de même
que l'on prenne le temps de vous expliquer la vraie vie, un jour, à
vous les socialistes...!
Tes efforts sont louables, Claude, mais encore insuffisants ; ce n'est pas parce qu'un socialiste porte des lunettes que l'on a envie de le prendre au sérieux... |
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