mardi 18 décembre 2012

Depardieu dans la ligne de mire (2)



Oui, l'affaire Depardieu, une fois de plus...

Pour tout dire j’écris ce texte parce que je suis tombé sur un article relatant les propos de Monsieur Bartolone, Président de l’Assemblée Nationale (ce qui en dit long, déjà...), à propos de l'exil de Gérard Depardieu : “Il [Depardieu] vient nous voir, il dit je vous rends votre passeport, je vous rends votre carte Vitale. Mais c'est pas le passeport qui fait le fait d'être Français, c'est le fait de se reconnaître dans les valeurs de la République - liberté, égalité, fraternité -. Pourquoi on vient du monde entier dans ce pays en disant: Je veux être Français ? C'est ce contrat des valeurs qui fait que l'on est Français”.

Bon, mon petit Claude, je sais bien que tu es socialiste, ce qui implique surtout que tu n'es pas très futé à la base, certes, mais je vais te demander de faire un petit effort de concentration car je vais t'expliquer une chose ou deux :

Alors premièrement, déjà, tu confonds un pays, la France, avec un système de gouvernement, la république. Dire que le fait d’être français c'est se reconnaître dans des valeurs prétendument républicaines est donc assez stupide. Cela sous-entend qu'un auvergnat de souche et de conviction monarchiste n'est pas français. A l'inverse un ardent républicain chilien serait ipso facto français, même s'il n'a jamais mis les pieds dans notre pays, et même s'il ne parle pas un mot de notre langue. On admire la logique...

Ensuite, mon petit Claude, réduire la France à un système de gouvernement, en l’occurrence la république, est un petit peu réducteur. Cela signifie également que la France d'avant 1792 – année de la proclamation de l’éphémère première République – n’était pas la France, puisque ne portant pas haut les fameuses valeurs dont tu parles. C'est un petit peu gros, non? J'imagine sans peine la tête de Louis XIV en apprenant qu'il n'a jamais été roi de France. C'est un petit peu ballot, vraiment, surtout en songeant que de ce fait il nous faut tirer un trait sur des centaines d’années d'Histoire qui ont vu l’érection (non Claude, ce n'est pas une référence sexuelle, concentre-toi mieux, s'il te plaît...!) d'une multitude de bâtiments somptueux, de nos cathédrales à Versailles en passant par nos magnifiques châteaux de la Loire, l'apparition de personnages hors du commun (Bayard, Richelieu, Racine,...). Bref tout cela est à exclure, selon toi, car n'ayant aucun rapport avec la république. Ce sont les touristes japonais qui vont avoir du mal à comprendre...

Et puis, mon petit Claude, tu ne trouves pas cela un peu sectaire, réduire la France à un système de gouvernement que tu plébiscites sans doute, mais que d'autres personnes, aussi françaises que toi ne portent peut-être pas dans leur cœur? Ainsi qu'aurais-tu dit en 1852 si un thuriféraire de Louis-Napoléon Bonaparte, devenu Napoléon III, avait déclaré qu'”être français c'est se reconnaître dans les valeurs impériales”? Tu l'aurais eu un peu mauvaise, non, et tu n'aurais pas eu tort...

Bon, et puisque tu évoques les fameuses “valeurs républicaines”, qui semblent être selon toi la liberté, l’égalité et la fraternité, j'aimerais que tu m'expliques en quoi ceci est propre à la république. Ainsi, je vais peut-être t'apprendre quelque chose mon petit Claude, mais il existe en réalité de nombreux pays aussi démocratiques que la France (si ce n'est plus...), respectant les notions de liberté, d’égalité et de fraternité au moins autant que nous (si ce n'est plus...) et dont le système de gouvernement n'est pas la république, mais la monarchie constitutionnelle. Étonnant, non? Rien qu'en Europe on pourrait citer entre autres l'Espagne, le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-Bas etc... et j'avoue, mon petit Claude, que j'ai du mal à comprendre en quoi les valeurs de ces peuples, qui au passage ne semblent pas plus scandalisés que cela de ne pas vivre sous des régimes républicains, sont moins nobles, moins respectables que les nôtres. Peut-être même les partageons-nous, qui sait? Mais alors, cela voudrait dire que la république n'a pas le monopole du Bien? Que de questions embarrassantes, mon petit Claude...

Sur ces quelques points je me répète, je le sais. J'ai déjà évoqué cette idolâtrie ridicule de la république dans d'autres articles, mais il est fatiguant de voir, Claude, que toi et tes petits camarades ne comprenez rien à rien et qu'il faut sans cesse répéter les choses!

D'ailleurs, si tu tiens vraiment à définir ce qu'est être français, je peux t'aider, si tu veux. Ah non, je ne prétends pas détenir la Vérité, loin de là, je te soumets juste une ou deux idées, un humble avis, que tu es bien entendu libre de rejeter ou non. Ainsi je serais porté à croire qu’être français revient à s'identifier aux nombreux personnages – chefs d’état, écrivains, artistes, aventuriers, scientifiques,... qui ont fait l'Histoire de France, notre Histoire. Cela revient à faire sienne cette culture et cette langue façonnées par ces siècles, au cours desquels la France a acquis son identité – cette identité unique (bonjour le pléonasme!) qui ne saurait être bradée ou considérée avec condescendance. Cela revient également à considérer la France, son peuple et ses traditions comme incomparables (pas “incomparable” dans le sens “supérieur aux autres”, non pas du tout, mais “incomparable” dans le sens “qui possède un caractère particulièrement cher à notre cœur, une spécificité qui vaut le coup d’être aimée et défendue”). Bref, mon petit Claude, il ne saurait être ici question de considérer l'appartenance à la nation française à la va-vite, au nom de je ne sais trop quelles « valeurs », et de penser qu’après tout, ce peuple là ou un autre, c'est du pareil au même... ainsi, pas question de remplacement de population, mon cher Claude, sinon nous ne parlons plus de la France, mais d'une mosaïque laide et informe. Bref, encore une fois, Claude, toi et tes petits amis immigrationnistes vous avez tout faux...

Mais allez, je sais que les socialistes ne comprennent pas grand chose à la grande idée de Nation, aussi je n'insiste pas trop, mon petit Claude. Oui, c'est bon, tu peux retourner dans la cour de recréation si tu veux...

Ah attends un petit peu, quand même, Claude... je sais que tu es un socialiste de cœur (c'est dire si je m'attends à toutes les bêtises de ta part, aussi je préfère prendre mes précautions avec toi...), mais je trouve tout de même ta naïveté assez, disons, époustouflante... non parce que croire que l'on vient du monde entier et que l'on veut obtenir la nationalité française par amour pour ces fameuses valeurs...

Allez, mon petit Claude, je dois te laisser, mais il faudra tout de même que l'on prenne le temps de vous expliquer la vraie vie, un jour, à vous les socialistes...!

Tes efforts sont louables, Claude, mais encore insuffisants ; ce n'est pas parce qu'un socialiste porte des lunettes que l'on a envie de le prendre au sérieux...

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