Cher
journal,
alors voilà,
je suis très embêté parce que dans quelques heures je dois
exprimer mes vœux aux Français, et en fait je ne sais pas trop quoi
dire. Bon, si tu étais quelqu'un de réel tu me répondrais sûrement
“comme d'habitude, quoi!”, mais là
c'est important, il faut que je sorte un truc original, histoire que
pour une fois je ne passe pas pour un niais devant la camera. Enfin
pas trop...
J'ai bien
songé à
une histoire drôle, du genre “combien faut-il de membres du gouvernement pour changer avec succès une ampoule?”, histoire de
faire sourire dans les chaumières en ces temps de crise, mais
Jean-Marc me l'a déconseillé. En effet il m'a dit qu'“au prix où
on la paye, il serait tout de même affligeant que ce soit un autre
que Cécile Duflot pour faire le clown de service! Je ne tiens pas à
avoir l'Inspection du Travail au cul !”. Je lui ai bien
rétorqué qu'en tant que président de gauche j’étais pour les
trente-cinq heures, et donc pour le partage du travail, mais il n'a
rien voulu entendre. Il considère qu'un chef ne doit pas s'immiscer
dans les tâches de ses
subordonnés. C'est curieux mais c'est exactement ce que me répond
Valérie, quand je lui demande de me rendre un service à
la maison, aussi j’obéis...
Ah, au fait,
à propos de Valérie, je
voulais te dire, cher journal, que je crois bien que je commence
enfin à m'affirmer face à
elle. En effet, l'autre jour, je lui ai tenu tête lorsqu'elle a
voulu m'imposer le discours officiel que je devais prononcer dans la
journée (celui lors duquel je devais décorer le Père Noël de
l’Élysée de la légion d'honneur). Bon, elle a fini par me forcer
à déclamer le sien, certes, mais
j'ai tout de même réussi à
exprimer mon avis sur la question. Je sens qu'un jour ou l'autre
j'arriverai enfin à
imposer mon point de vue à
Valérie, peut-être même sur les questions de politique nationale
et étrangère, qui sait...
Donc, cher
journal, je cherche des idées pour mon discours de fin d’année.
Attention, hein, je n'ai pas dit “de bonnes idées”, mais des
idées tout court (non parce qu'au PS ça fait longtemps que les
bonnes idées, on a fait une croi... pardon... je veux dire... qu'on
a tiré un trait dessus...). En fait j'envisage de reprendre les
interventions passées de mes prédécesseurs, de les fondre les unes
dans les autres, de piocher des phrases au hasard et de créer ainsi
un nouveau texte. Je crois en fait que c'est la meilleure chose à
faire pour l'instant. D'ailleurs la petite Najat (la porte-parole du
gouvernement, pas le serpent... quoi que...) est même en train de me
faire bricoler par ses services un logiciel de ce type : on rentre
une série de phrases accrocheuses et l'ordinateur nous sort
automatiquement un texte neuf et calibré, ce qui nous fait gagner un
temps fou pour la rédaction des discours. Il faut toutefois avouer
que la version bêta (au passage, c'est curieux que l'on utilise ce
terme pour l'informatique, vu que la Duflot peut, elle aussi, nous
sortir des versions bien « bêta » sur n'importe quel
sujet, et ce, sans électronique ) ne donne pas entière satisfaction.
Ainsi récemment, histoire de faire un essai, nous avons rentré
l’intégrale des discours de Mélenchon
et le logiciel nous a sorti, en guise de réponse-bilan, le générique
d'un vieux sitcom... “Premiers baisés”, je crois, ça
s'appelle... en fait quelque chose me dit qu'au moins l'un des deux,
le logiciel ou Mélenchon,
n'est pas vraiment au point...
Allez, cher
journal, j’écris, j’écris, mais l'heure tourne, et je dois te
quitter. J'ai encore tant à
faire !
Ton gros
roudoudou qui t'aime,
François
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