mardi 31 janvier 2012

Distrayons-nous avec les partis politiques


Comme je m'ennuyais ce soir à l’évêché, je me suis mis à voir ce que cela donnait si je rentrais sur Google Image les noms des trois principaux partis politiques français, et que je sélectionnais le premier cliché qui m’était ainsi proposée.
Ce qui nous donne :

 UMP

PS
 FN
Finalement, connaissez-vous une meilleure représentation de ce que peut être le niveau de la politique française en temps d’élection...?

lundi 30 janvier 2012

Déontologie


Ces jours-ci au siège du NPA :

Alain Enruine (en peignoir, sortant de son bain) : Oliveau, qu'est-ce-que j'apprends ???
Oliveau Besanceniais (avec sa panoplie Ché Guevara) : ben quoi ?
Alain Enruine : j'ouvre le journal et qu'est-ce-que je lis ? Regarde : « Les personnes handicapées entrent en campagne » ! Combien de fois t'ai-je dit que toi et les responsables du NPA deviez me prévenir chaque fois que vous vouliez intervenir devant les journalistes, afin que je prenne mes précautions ?
Oliveau Besanceniais : mais c'est pas nous papa !
Alain Enruine (lisant attentivement l'article) : ah ? Oui, effectivement, excuse-moi, ils parlent des handicapés physiques...
Oliveau Besanceniais (montrant un homme assis au fond de la pièce) : en parlant de journaliste, il y a ce monsieur qui en est un et qui aimerait t'interroger...

L'homme se lève et vient se présenter :

Journaliste : bonjour, pardonnez-moi de vous déranger mais je suis Raoul Béchu du « Canard déchaîné », et je désirerais m'entretenir avec vous des derniers événements... (avisant sa tenue) mais si vous voulez je peux revenir plus tard...
Alain Enruine : c'est que... vous me prenez au dépourvu... bon, allez, tant pis on va faire ça maintenant !
Journaliste : en... en peignoir de bain ?
Alain Enruine : oui, je suis pressé car je dois sortir... que voulez-vous me demander ?
Journaliste : j'ecris un article sur l'agression dont auraient été victimes des membres du FNJ devant la Sorbonne. Plusieurs membres du NPA seraient impliqués dans cette affaire...
Alain Enruine (riant très fort) : ah ça m’étonnerait beaucoup, à part Oliveau nos militants sont bien trop vieux et fatigués pour aller frapper du petit jeune facho
Oliveau Besanceniais : euh... si papa, rappelle toi, on a une section « militants de moins de soixante-quinze ans », ils devaient venir de là !
Alain Enruine (surpris) : ah bon ? On a ça chez nous ??? Et euh... ils sont combien là-dedans ?
Oliveau Besanceniais (consultant ses listes) : huit apparemment...
Alain Enruine (bouche bée) : huit !? Tant que ça !!! Attends ça fait bien... (comptant sur ses doigts) cinquante pourcent de nos effectifs totaux ça ! Et après on dira que les trotskistes sont des vieux débris... Non mais si ça se trouve on pourrait même réunir nos huit jeunes... enfin « moins de soixante-quinze ans » pour leur faire tourner un lipdub et inciter ainsi d'autres jeunes... enfin d'autres « de moins de soixante-quinze ans » à prendre leur carte !
Journaliste : je... et mon interview ?
Alain Enruine (énervé) : oui bon ça va !!! (à Oliveau) Attends, ça me plaît l’idée du lipdub... de toutes façons ça ne peut pas être plus ridicule que ce qu'ont fait les jeunes UMP !
Journaliste : ah ça c'est sûr... bon et pour mon entretien...
Alain Enruine : oui bon... vous voulez quoi ?
Journaliste : et bien quels sont vos commentaires à propos de cette affaire ?
Alain Enruine (dans une attitude de défi) : et bien il faudrait déjà prouver que nos jeunes enfin... « moins de soixante-quinze ans » à nous y aient participé à cette prétendue agression...
Oliveau Besanceniais : euh... ben en fait papa on a publié un communiqué officiel sur le site, dans lequel on reconnaît qu'on y a participé...
Alain Enruine (tout surpris): ah ? Euh... et bien ce que je veux dire... ben... c'est qu'il faut lutter contre la bête immonde, voilà toussaaaaaaa... euh... que les idées nauséabondes... voilààààààà c'est pas bien quoiiiiiiiii... et tout le bazar habituel quoiiiiiii... bon euh... je suis ravi de vous avoir connu, monsieur, allez bonne soirée et bonjour chez vous !
Journaliste :
Alain Enruine : ben quoi vous êtes encore là, vous ?
Journaliste : euh... oui en fait j'aimerais approfondir un peu plus les choses si cela ne vous dérange pas
Alain Enruine (soupirant) : oui, bon, allez-y alors...
Journaliste : alors voilà, vous reconnaissez avoir, sinon agressé, du moins empêché de s'exprimer des militants du FNJ, et je voudrais savoir comment vous expliquez cette apparente dichotomie entre cette action et les idéaux de la gauche qui reposent sur le respect, la tolérance et le combat pour la liberté d'expression...
Oliveau Besanceniais : comment vous expliquez cette apparente quoi ???
Journaliste : dichotomie
Oliveau Besanceniais : ben... chotomie !
Journaliste :
Alain Enruine : ta gueule Oliveau ! Laisse parler les adultes ! (au journaliste) et bien euh... c'est une excellente question monsieur, et je vous remercie de l'avoir poséeeeeeeee... mais euh... pour bien comprendre cela il faut que vous soyez au courant d'une chose...
Journaliste : laquelle ?
Alain Enruine : ce que vous appelez la gauche, monsieur, est en réalité une religion !
Journaliste : une... une religion ?
Alain Enruine : oui monsieur, une religion avec ses rites, ses saints, ses bienheureux martyrs (levant les yeux au ciel) et bien que nous ne reconnaissions pas de dieu, j'irais jusqu'à dire que nous croyons en une sorte de paradis, celui que nous devons construire ici bas pour changer cette vallée de larmes en une oasis du bonheur marxiste... (joignant les mains) AMEN !
Oliveau Besanceniais (chantant) : chaussée aux moines !
Alain Enruine (gifflant Oliveau) : TA GUEULE !!! Bon, si vous avez compris cela vous devez maintenant savoir que comme dans beaucoup de religion il y a une grande différence entre ce que nous prêchons et ce que nous faisons réellement... !
Journaliste : mmmm.... je vois. Une chose encore, les gens comme vous disent souvent « les musulmans fanatiques et violents sont une minorité ; la plupart des musulmans sont pacifiques, il ne faut pas faire d'amalgame », bon d'accord, mais justement, les militants réellement fascistes et violents du FN ne seraient-ils pas non plus une minorité, et la plupart des membres du FN ne pourraient-ils pas eux aussi être considérés comme des modérés ? Autrement dit ne seriez-vous pas en train de faire un amalgame en assimilant toute personne du FN au fascisme ?
Alain Enruine (méfiant) : pourquoi vous me posez cette question ? Vous êtes du FN ?
Journaliste : euh ben non... je fais juste mon métier, j'essaie de comprendre !
Alain Enruine (de plus en plus méfiant) : mouais, un journaliste qui fait son métier... vous débutez, vous, non ?
Journaliste : en effet mais euh... comment le savez-vous ?
Alain Enruine (tout sourire) : oh je vois, tout s'explique alors... ne vous inquiétez pas, vous apprendrez vite à poser les bonnes questions... ou plutôt à ne pas poser les mauvaises !
Journaliste (interloqué) : mais en quoi cette question était mauvaise ?
Alain Enruine : écoutez monsieur, comprenez bien que pour la Religion Officielle, le fait que chaque membre du FN sans exception est un facho est un DOGME, et que dès lors il est de notre devoir de tous les combattre, car le FN est l'antre de SATAN !... oseriez-vous remettre en question un DOGME ?
Journaliste : euh je... non je... je veux juste comprendre, ainsi que mes lecteurs... !
Alain Enruine : on ne vous demande pas de comprendre, monsieur, on vous demande d’adhérer... !
Journaliste : au NPA ?
Alain Enruine (résigné) : non, ça c'est sans espoir je sais... (combatif) non, vous devez adhérer à la Religion Officielle !
Journaliste : le... catholicisme ?
Alain Enruine : mais non voyons !!! La religion des droits de l'homme, surtout si l'homme en question n'est pas occidental!
Journaliste : ah...
Alain Enruine (menaçant) : … et sachez que nous n'aimons pas beaucoup les hérétiques ici... alors je vous conseille de filer droit parce que figurez-vous... on ne plaisante pas avec l’intolérance, nous !
Journaliste : je... très bien mais... pardonnez-moi cette question, mais justement je voudrais savoir, pourquoi vous les haïssez tant parce qu'en fin de compte vous êtes très proches, du moins sur le plan économique...
Alain Enruine : ...
Journaliste : oui... vous dénoncez tous les deux ce que vous nommez « ultralibéralisme », vous voulez plus de socialisme, plus d’État... vous haïssez tous les deux les grands patrons et les banquiers... vous avez beaucoup de points communs en quelque sorte !
Alain Enruine : oui vous avez raison... je vois que vous avez compris. Mais c'est justement parce que nous sommes si proches que nous nous haïssons à ce point. C'est le principe de la concurrence... et en politique la concurrence est féroce !
Journaliste : de la concurrence ? Mais vous un homme de gauche, vous devez normalement vous élever contre cette notion ! Vous qui ne jurez normalement que par la solidarité !
Alain Enruine (sérieux) : oui mais que voulez-vous monsieur, on ne lutte pas contre la nature humaine, car regardez bien comment sont les hommes... ils haïssent moins leurs opposés que leurs semblables lorsque ceux-ci leur font concurrence, les primaires en sont un bon exemple ! Et rendez-vous compte que si une assemblée avait la forme d'un cercle complet, au lieu d’être un hémicycle, extrême droite et gauche se côtoieraient sans cesse !
Houria Boujdeula (faisant son entrée surprise) : comment Alain, qu'est-ce-que j'entends ???
Alain Enruine (toujours en peignoir de bain) : ah ben faut pas vous gêner vous hein ! Faites comme chez vous ! On entre au NPA comme dans un moulin décidément !
Oliveau Besanceniais : oui c'est bizarre parce que d'habitude les gens ils cherchent surtout à en sortir...
Houria Boujdeula (à Oliveau) : Ta gueule le dhimmi ! (à Alain) J'ai deux mots à vous dire vous, mais d'abord sachez que je suis ici chez moi, vu que je suis née là et que personne ne me fera partir !
Alain Enruine : oui mais bon, c'est une propriété privée ici, vous pourriez au moins frapper avant d'entrer...
Journaliste : venant de quelqu'un qui conspue la propriété privée et défend le droit des clandestins à venir s'installer en France sans rien demander à personne je trouve cette remarque disons... étonnante !
Alain Enruine (au journaliste) : ah pas maintenant vous ! (à Houria) bon, abolition des frontières, citoyens du monde, tous frères là , machin... je veux bien, mais en attendant vous voyez bien que je reçois là , alors vous ne pourriez pas venir me casser les c... enfin vous pointer une autre fois ?
Houria Boujdeula : vous recevez en peignoir de bain ???
Alain Enruine : euh... et alors ? Nos coutumes vous dérangent ???
Houria Boujdeula : mais c'est dément ! Je ne me ferai jamais aux souchiens décidément...
Alain Enruine : ouais ben moi au moins je ne me mets pas une serpillière King size sur la tronche quand je passe a la TV !
Oliveau Besanceniais : de toutes façons papa tu n'es jamais invité à la TV alors...
Alain Enruine : Oliveau pour la dernière fois va faire la révolution dans ta chambre et laisse les adultes tranquilles !!!
Journaliste : et ben... je savais que la gauche de la gauche c’était le bordel, mais à ce point là ...
Alain Enruine (au journaliste) : et encore plaignez-vous, on voit que vous n’êtes pas à Lutte Ouvrière vous !
Houria Boujdeula : (à Alain) et n'essayez pas de détourner la conversation vous, hein !
Alain Enruine : moi je détourne la conversation ? Mais... ah elle est raide celle-là !
Houria Boujdeula : à votre âge sans doute de moins en moins... alors c'est quoi cette affiliation avec le FN ?
Journaliste : bon je crois que j'ai mon papier moi, je peux y aller maintenant...
Alain Enruine : hep vous là, qu'est-ce-que vous allez mettre dans votre article finalement ?
Journaliste : la vérité bien entendu, que la gauche de la gauche est un ramassis d'inconscients irresponsables, sectaires, intolérants et agressifs...
Oliveau Besanceniais : ça veut dire que c'est bien papa ?
Journaliste (éclatant de rire) : non, rassurez-vous, je plaisante, si je fais cela je ne serai jamais publié... je suis peut-être débutant mais je ne suis pas non plus complètement idiot... non je vais juste faire comme d'habitude... écrire que vous êtes de doux rêveurs, parfois un peu naïfs, mais tellement généreux et ouverts... que voulez-vous, il faut bien vivre... !

mercredi 25 janvier 2012

Leçon d’écriture


Le jeune homme fit son entrée d’un pas peu assuré dans la petite pièce encombrée de centaines de manuscrits éparpillés en piles informes à même le sol. Il se sentait encore une fois perdu.

- Ah, très bien, je vous attendais !

Il sursauta. Devant lui se tenait une femme entre deux âges, l’air énergique, sans maquillage, assise derrière un bureau que recouvraient entièrement des monceaux de dossiers vomissant leurs contenus tout autour d’eux.

- Asseyez-vous monsieur, fit la directrice de la maison d’édition en chaussant ses lunettes

L’écrivain en herbe obtempéra, en priant tout bas que sa nervosité extrême ne fut pas remarquée par son interlocutrice. Cette dernière continua sur un ton courtois, mais sans chaleur aucune :

- Bien, je viens de parcouri… je veux dire finir votre roman et il se trouve que je l’ai trouvé, disons, intéressant…
- Je… merci madame
- C’est un premier roman je suppose ?
- Euh je… oui madame
- Oui cela se voit tout de suite, il y a encore de nombreux défauts à corriger avant de considérer que votre œuvre ait une chance d’être éditée, car je ne vous le cache pas, votre livre n’est pas publiable en l’état
- Ah je… je vois
- Toutefois vous m’êtes sympathique, jeune homme, fit la directrice en esquissant un sourire commercial, et vous m’apparaissez non dénué de talent, aussi j’ai bien voulu vous accorder ce petit entretien pour vous donner quelques conseils afin que nous puissions peut-être, dans l’avenir, envisager une fructueuse collaboration
- T… euh très bien
- Tout d’abord le style, reprit son interlocutrice, il est certes de qualité mais vous êtes trop ampoulé, trop pompeux… vous savez il faut être direct pour ne pas lasser et perdre le lecteur ! Le désir d’en faire trop est hélas un défaut qui guette nombre de débutants dans le métier.
- Oui on me l’a dit souvent, mais vous savez j’ai tenté de me corriger et je peux dès lors vous assurer que la version que je vous ai envoyée est considérablement allégée par rapport à ce que j’avais initialement couché sur le papier et…
- Il faudra faire encore plus d’effort je le crains ! Tenez quand vous écrivez là «A la campagne, Mme de » bla bla bla « était adorée » bla bla bla... ah voila ! « mais surtout parce que la pureté d'un sang où depuis plusieurs générations on ne rencontrait que ce qu'il y a de plus grand dans l'histoire de France avait ôté à sa manière d'être tout ce que les gens du peuple appellent «des manières» et lui avait donné la parfaite simplicité. Elle ne craignait pas d'embrasser une pauvre femme qui était malheureuse et lui disait d'aller chercher un char de bois au château. C'était, disait-on, la parfaite chrétienne. ». Sérieusement le lecteur s’en fout ! Et puis cette référence au sang le plus pur… attention mon jeune ami, vous marchez sur des charbons ardents ! Vous allez vous faire des ennemis dans le milieu, et puis « la parfaite chrétienne, voyons, tout cela fait très vieux jeu. Non un bon conseil jeune homme, faites de ce personnage une femme de notre temps, libre d’esprit, indépendante, et même métissée. Une métisse effrontée à la peau chocolat au lait, rebelle mais généreuse, c’est bien plus dans l’ordre des choses, parce que, excusez-moi, mais votre « sang le plus pur » là…
- C’est-à-dire que euh… mon histoire se déroule dans la France de la fin du dix-neuvième siècle, alors pour le métissage…
- Ta ta ta, quand on veut on peut jeune homme ! Bon et puis votre personnage de la duchesse aussi… c’est encore très vieux jeu tout cela ! Je veux bien que votre roman se déroule sous Mathusalem, mais quand même… tenez, remplacez la par une marquise, quitte à rester dans la noblesse… au moins marquise cela fait penser à la comédienne de la troupe de Molière… ça rajoute un petit côté… canaille !
- Je euh… si vous le dites…

Elle leva soudain les yeux et le fixa d'un regard qu'elle voulait puissamment intense.

- Savez-vous qui était Marquise au moins? Vous savez il est important d'avoir de la culture quand on fait profession d’écrire, il ne faut jamais arrêter d'apprendre! Jamais! C’était une femme admirable, une séductrice née, convoitée par les plus grands, tel ce pauvre euh... Boileau je crois qui, trop vieux, n'a pu que constater qu'il n’était pas de taille à rivaliser contre euh... La Fontaine, et nous a laissé ces vers superbes : « Belle Marquise, souvenez-vous qu... »
- Oui c'est bon je connais, je connais! Mais euh... je crois qu'il s'agissait plutôt de Pierre Corneille et de Jean Racine mais euh... évidemment je... je peux me tromper, se reprit-il en se mordant les lèvres...

La directrice se pencha de nouveau sur le manuscrit, quelque peu vexée d'avoir été ainsi rabrouée.

- Oui bon euh... et puis bon tout ce paragraphe par exemple sur la description de la duchesse dans sa vie de tous les jours, c’est trop long ! Ce « alors arrivait l’heure du soir où, par un rituel immuable auquel cette grande dame ne pouvait plus déroger, la duchesse s’enveloppait de sa longue cape de flanelle satinée et quittait le château, chacun de ses gestes, jusqu’au plus infime, jusqu’au plus fragile, trahissant une majestueuse et poignante mélancolie » mais bon sang, abrégez sinon vous allez faire fuir vos lecteurs ! Tenez écrivez à la place « la marquise sortit à cinq heures ». Voila, c’est clair, net et précis comme un diamant ! C’est parfait comme entrée, bon je vous laisse cette idée de bonne grâce, allez-y, notez !
- Je m’en souviendrai, madame, vous pouvez en être certaine !
- Bien, firent la directrice et son sourire chromé, vous verrez qu’en acceptant mes conseils vous irez loin. Bon et ce n’est pas tout, reprit-elle en se replongeant dans la lecture du texteabondamment annoté, je suis assez atterrée de voir que vous ne maîtrisez pas du tout les références sexuelles ! Le lecteur n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent, il va s’ennuyer vous savez. Vous auriez au moins pu décrire une liaison délicieusement décadente entre vos personnages féminins principaux !
- Et bien euh… en fait si vous vous rappelez, dans ma première partie il y a quelques paragraphes à propos de deux jeunes filles qui font euh… des choses devant le portrait du père de l’une d’elle, et puis en outre dans le reste de l’œuvre…
- Oui, je me souviens vaguement, répliqua la directrice en baillant, mais tout cela est tellement feutré, à peine effleuré… non, soyez audacieux, décrivez ce qui se passe plus franchement ! N’ayez pas peur des détails, voire de l’obscène, c’est cela qui attire le lecteur, qui le tient en haleine devant votre prose ! Tenez prenez exemple sur Houellebecq… vous l’avez lu évidemment ?
- Oui enfin… quelques lignes… pour me faire une idée.
- Et bien voyez comme il sait parler du sexe ! Imitez le, soyez débridé, n’ayez pas peur de choquer, là est la clé du succès mon jeune ami !
- Je… je vois

L’écrivain débutant resta muet pendant un long moment puis :

- Donc cela veut dire que vous n’allez pas me publier, demanda-t-il d’une voix qu’il aurait voulue autoritaire
- Mon jeune ami j’aimerais tant vous faire plaisir (à son grand effroi il crut remarquer que la directrice lui faisait un clin d’œil à cet instant précis), mais dans l’état actuel des choses je ne peux faire passer ça, c’est… c’est à retravailler comme je vous l’ai dit. Non, vous ne pouvez escompter mieux qu’une publication à compte d’auteur, j’en ai bien peur…

Le jeune homme se leva, calme, serein, mais très pâle. Il n’avait entendu cette phrase que trop souvent déjà.
Ce n’est qu’au moment de passer le seuil, alors qu’il venait de prendre congé, qu’il entendit une nouvelle fois la voix de la directrice derrière lui :

- Allez, ne désespérez pas jeune homme, la voie du succès est semée d’embûches ! Mais accrochez-vous et vous réussirez ! Et puis il vous faudra songer à prendre un pseudonyme. « Prout » ça fait un peu… euh…
- C’est Proust madame !
- Oui bah, peu importe, trouvez-vous un nom de plume mon ami, et puis repensez à tout ce que je vous ai dit ; je sais de quoi je parle, je suis tout de même directrice de publication ET écrivaine… !
- Très bien, j’y songerai… je vous remercie en tous cas de m’avoir consacré un peu de votre temps madame… (il regarda le nom sur la carte de visite qu’il avait saisie au passage), madame Angot !

 « Plus tard je serai Florian Zeller ou personne ! »

dimanche 22 janvier 2012

Problème de pollution


Madame, Monsieur,

Vous connaissez tous, dans votre entourage, au moins un individu plus ou moins grotesque, arrogant, agaçant, incapable, hautain, nuisible, tyrannique et inutile.

Bref, un CON!

Et comme beaucoup de personnes dans votre cas vous ne savez pas comment vous en débarrasser car à vrai dire, en ces temps de culte de la Nature et de recyclage à outrance, il semblerait que rien, étonnamment, n'ait été prévu pour stocker les CONS et en faire quelque chose d'utile à la société.

Rien? C'est à voir...

Savez-vous qu'il existe en réalité un container spécial où déposer vos CONS, où ils sont voulus, désirés, et où ils pourront couler des jours heureux tout en cessant de vous polluer le paysage? Cet endroit le voici :











LE PARLEMENT EUROPÉEN!

 

Oui bon, c'est vrai, on arrive à les stocker, mais pour un coût exorbitant, et on ne leur a pas encore trouvé une quelconque utilité. Il semblerait même que leur caractère nuisible ne se soit pas estompé, bien au contraire.

Mais la science avance, ne désespérons pas trop vite...

samedi 21 janvier 2012

Anthropologie

Il est une frange de la population aux comportements étranges, déroutants, échappant à toute logique élémentaire.
Ces gens se considèrent comme des prophètes en un sens, venus tirer de leur torpeur les peuples assoupis dans une dangereuse léthargie, tels le dragon Fafner dormant sur son tas d'or sans voir venir le danger.
Ces gens se voient bien évidemment comme des phares de l’humanité des “qui vont dans le sens de l'Histoire”, des “qui ont forcement raison” ou alors, s'ils se trompent, c'est sans importance, et cela est dû à leur nature généreuse, peut-être un brin naïve, mais si touchante en fait. Bref on ne peut leur en tenir rigueur.
Ces gens enfin portent haut et fièrement l’étendard de leur patrie éternelle, assimilée dès lors à une véritable religion sans réelle divinité, mais dont les saints et martyrs sont légion : la gôôôôôôche (Alléluia, agenouillez-vous pauvres pécheurs!).

La principale caractéristique de ces individus qui ne se sentent exister que lorsqu'ils sont regroupés en troupeaux, bêlant des slogans qui feraient honte à un redoublant de maternelle, est qu'ils usent et abusent de termes comme “tolérance”, “respect” et “démocratie” sur lesquels repose toute leur philosophie, à les entendre. Mais par un incroyable coup du sort, une destinée tragique, ces malheureux semblent incapables de comprendre le sens réel de ces mots et paraissent dès lors condamnes à agir en désaccord total avec ce qu'ils prêchent, en particulier lorsqu'ils rencontrent des personnes assimilées à l'horrible extrême droââââââte” (frissons d’épouvante dans la salle).
En effet, dans le subconscient (ou est-ce l'inconscient?) des gens de gôôôôôôche, le monde dans son immense complexité se réduit à la lutte entre les forces du Bien (eux) et les forces du Mal (tout le reste, mais en particulier l’extrême droââââââte”). Le pire est que parmi les gens de gôôôôôôche se rencontrent de nombreux intellectuels autoproclamés qui reproduisent dans leurs analyses ce schéma “plus manichéen que ça tu meurs”.
Moi, bêtement, je croyais que le mot “intellectuel” désignait une personne dont l’activité principale est de porter un regard profond et complexe sur un problème particulièrement ardu pour le commun des mortels qu'il est chargé d’éclairer de ses chatoyantes lumières. Pas un imbécile à lunettes apparaissant devant les cameras pour faire part de son indignation éventuelle sur tel ou tel fait de société et dont on connaît déjà la teneur des propos avant même qu'il l'ouvre, tellement sa manière de penser est simpliste et prévisible.
Oui un clown comme Sartre par exemple...
Attention, un intellectuel de gôôôôôôche peut être vraiment doué d'une intelligence supérieure tout en versant dans la bêtise la plus crasse et la plus navrante lorsqu'il s'agit de prendre position pour un fait politique. Sartre en est justement l'illustration parfaite. Ainsi cet écrivain illustre au génie visionnaire nous a pondu une pièce comme Nekrassov mettant en scène un personnage se faisant passer pour un dissident soviétique, ce qui permet à l'auteur de condamner ceux qui font profession d'anticommunisme en pleine guerre froide. Quand on sait que cette œuvre a été créée peu de temps après l'authentique affaire Kravchenko, cible manifeste de Sartre, on se dit que cette fois encore le père Jean-Paul a fait preuve d'une lucidité que je qualifierais... d'éblouissante (pour rester poli). Et ses fils et filles spirituels qui prennent son relais et se ridiculisent maintenant à sa place ne devraient pas être reniés par le grand homme, tellement sa bêtise semble leur avoir été transmise avec une efficacité qui laisse pantois...

mais revenons à nos moutons (c'est le cas de le dire)... si j’écris ces lignes indigestes, c'est bien pour mettre en lumière un phénomène curieux et non moins fascinant : la propension de ces gens à être aveuglés par la haine et l’intolérance, alors même qu'ils prétendent les combattre, cette haine se dirigeant bien entendu vers ceux accusés d'appartenir à l’extrême droââââââte.
Il faut en effet savoir que pour les gens de gôôôôôôche un individu venant de l’extrême droââââââte, ou soupçonné de l’être (oui, non contents de présenter de sérieuses déficiences mentales, les gens de gôôôôôôche expliquent à longueur de journée « qu'il ne faut pas faire d’amalgame, tout en amalgamant sans vergogne le moindre adversaire au fascisme le plus primaire... comprenne qui pourra), est la pire des horreurs imaginables, et n'est bien-sûr pas un être humain, encore moins un animal. Cette personne, même si elle n'a jamais commis de crime dans sa vie, est une entité vivante à éradiquer, une anomalie tout simplement, et dès lors tous les moyens sont bons pour l’empêcher d'exister, au mépris le plus total des droits justement humains, et lorsque l'on sait que les gens de gôôôôôôche se voient comme d’héroïques résistants cernés par des hordes de fascistes en furie (le fameux “tout ce qui n'est pas avec moi est contre moi”), il semble que cela fait un sacré paquet d'hommes et de femmes à haïr et à éradiquer.
Bref du boulot en perspective...
C'est ainsi qu'il y a quelques semaines de cela, des militants de gôôôôôôche n'ont rien trouvé de mieux que de manifester (oui la « manif » pour les gens de gôôôôôôche est un peu comme la composition d'une chanson niaise pour Yannick Noah : un rituel auquel on ne peut déroger) contre la venue à St Denis de la présidente d'un célèbre parti situé tout à droite de l’échiquier politique. Jusque là rien de blâmable, chacun ayant le droit d'exprimer son avis, et nul ne vous impose d’être en accord avec les thèses que défend ce mouvement (heureusement d'ailleurs). Mais cela se corse singulièrement quand lesdits manifestants commencent à s'en prendre physiquement aux participants de la réunion, en allant jusqu’à leur cracher dessus. Que l'on m'explique en quoi ce comportement héroïque revient à lutter contre la haine et l’intolérance, parce que là, non, sérieusement je ne vois pas.
Ou alors la haine et l’intolérance ne sont justement pas du côté que l'on croit, ce qui expliquerait bien des choses...
Plus récemment encore, j'ai appris que des manifestants (160, attention, c'est du lourd!) du Bien s’étaient réunis à Bordeaux pour faire part de leur désaccord quant à l'implantation au sein de la ville d'une antenne d'un autre mouvement dit d’extrême droââââââte. J'avoue être quelque peu perplexe vis-à-vis de ces gens qui parlent sans arrêt de démocratie mais qui refusent que les membres d'un parti dont ils ne partagent pas les idées puissent s'exprimer. Un peu comme si la France leur appartenait et qu'ils pouvaient dès lors désigner ceux qui ont le droit de faire campagne et ceux qui ne le peuvent pas.
Étrange notion de la démocratie, en vérité...
Parmi eux, évidemment, nos chers amis du NPA, que l'on ne présente plus, des représentants d'associations étudiantes (mais en quoi cela les concerne???) et des membres de la LDH (Ligue des Droits de l'Homme) , vous savez ces types qui semblent nettement préférer la défense inconditionnelle du droit de n'importe quel barbu fou à lier à proférer les menaces de mort les plus violentes "parce que l'autre là-haut le lui ordonne", à celle de la liberté de réunion d'hommes et de femmes dont le seul tort est d’adhérer à des idées qui ne plaisent pas à ces niais incurables aux discours préfabriqués.

Je vais vous dire en fait, parfois je me demande si tous ces énergumènes ne sont pas les meilleurs propagandistes de Marine Le Pen, puisqu’il faut la nommer, parce que j'avoue que plus je les vois, plus j'ai envie de faire l’opposé de ce qu'ils m'exhortent à faire, tellement leur dialectique d’amputés de la boîte crânienne m'insupporte, et j'imagine que je ne suis pas le seul dans ce cas.

Mais sont-ils seulement capables de comprendre cela, eux qui ne sont pas fichus de voir qui, de nos jours, sont les véritables fascistes...?

lundi 16 janvier 2012

Hollande en Martinique rend hommage à Césaire


- M'sieur Hollande, un petit mot sur ce que vous inspire Aimé Césaire ?
- Écoutez, pour vous dire toute la vérité (profitez-en, ce n'est guère dans mes habitudes...) j'ai longtemps été intimidé par la figure tutélaire du grand écrivain antillais, ce colosse, ce visionnaire sublime, cet aigle majestueux de la poésie, et puis un jour j'ai appris qu'il avait dit de Ségolène, lors de la dernière présidentielle, qu'elle nous apportait la confiance et l’espérance, et c'est là que j'ai compris que même les plus grands avaient leurs moments d’égarement... ! 
- Euh... oui euh... donc vous avez déclaré être inspiré par Aime Césaire ?
- Ah ben... oui oui oui, tout à fait !... (et hop que je te le récupère ni vu ni connu...!)
- Mais justement c'est là que je voudrais clarifier les choses... parce que j'ai un doute : votre inspiration, là, elle est plutôt au niveau du « visionnaire sublime » ou des « moments d’égarement » ?

jeudi 12 janvier 2012

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Oui, je sais, la période des fêtes est passée, mais voici une petite idée de cadeau originale et éducative pour combler un enfant que vous auriez, par mégarde, oublié...
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La camera nous dévoile ce qui semble être un salon de taille modeste, mais confortable. Nous apercevons une grande cheminée à côté de laquelle est tranquillement assis notre vieille connaissance Alain Enruine du NPA :

Alain Enruine : vous savez, passé un certain âge, vous n’avez plus le temps ni l’énergie de faire l’éducation de votre demeuré de servi... enfin de votre enf… je veux dire de l’enfant que vous avez adopté - et vous vous demandez encore pourquoi vous avez accepté, mais enfin bref…

La camera zoome sur le petit Oliveau Besanceniais couché sur le tapis du salon avec sa panoplie de Ché Guevara, fort triste, et s’ennuyant manifestement.

Alain Enruine : en effet, la préparation des meetings politiques, le noyautage des institutions comme l’école publique pour y déverser sans vergogne sa propagande, l’organisation de manifestations coup de poing pour empêcher les militants d’autres partis de s’exprimer, bref toutes ces actions euh... démocratiques prennent du temps, et un bon militant progressiste pris par toutes ces tâches - non Oliveau, j'ai dit « tâche », pas « tache », je ne parlais pas de toi! - risque de négliger l’éducation des jeunes générations. Heureusement il existe un appareil révolutionnaire (c’est le cas de le dire), le RéponsatouTM!

Alain nous présente alors ce qui ressemble à un lecteur de CD portable, mais muni d’une seule touche.

 Alain réussira-t-il sa reconversion dans la pub ?

Alain Enruine : avec RéponsatouTM, le nouveau jouet éducatif, préparez votre petit dernier aux bases de la démocratie en affrontant les dures réalités de la vie de militant et en lui donnant la capacité de se sortir de tout débat difficile, ce qui sera très formateur pour votre petit protégé plus tard. Je vais vous montrer (tendant l’appareil à Oliveau) : OLIVEAU, TU DONNES TOUJOURS DES LEÇONS DE MORALE A TOUT LE MONDE MAIS TU CROIS FRANCHEMENT QUE TU PEUX LA RAMENER AVEC LE BILAN DU COMMUNISME ?

Oliveau appuie sur la touche de l’appareil…

RéponsatouTM (avec une voix de GPS) : TA GUEULE TOI DE TOUTES FAÇONS TU N'ES QU'UN FACHO !
Alain Enruine : vous voyez, quand vous êtes encore inexpérimenté et à cours d’argument , RéponsatouTM est là pour vous souffler la réponse adéquate qui marche dans toutes les situations. Tenez, un exemple encore : OLIVEAU, TON IDÉE D’OUVRIR COMPLÈTEMENT LES FRONTIÈRES ET DE LAISSER N'IMPORTE QUI S’INSTALLER CHEZ NOUS, C'EST PAS EN FAIT DU GRAND N'IMPORTE QUOI ?
RéponsatouTM : TA GUEULE TOI DE TOUTES FAÇONS TU N'ES QU'UN FACHO !
Alain Enruine : bien Oliveau, tu apprends vite ! Allez, un autre pour le plaisir… OLIVEAU J’EN AI MARRE DE ME FAIRE INTERDIRE l’ACCÈS DE LA FAC PAR TROIS PELÉS QUI SE PERMETTENT DE TOUT BLOQUER, LEURS CONNERIES DE COMBATS PRÉTENDUMENT CITOYENS JE M’EN BALANCE, MOI, JE VEUX ÉTUDIER !
RéponsatouTM : TA GUEULE TOI DE TOUTES FAÇONS TU N'ES QU'UN FACHO !
Alain Enruine : bon, cela peut sembler un peu répétitif, mais quoi de mieux pour apprendre à clouer le bec à un opposant et apparaître ainsi vainqueur ? Tenez encore un, attention Oliveau tu es prêt ? Vas-y : OLIVEAU, TU N’AS PAS HONTE D’ACCUEILLIR UN MEMBRE D’ACTION DIRECT DANS TON PARTI PITOYABLE ?
RéponsatouTM : TA GUEULE TOI DE TOUTES FAÇONS TU N'ES QU'UN FACHO !
Alain Enruine : donc pour conclure je vous conseillerais de ne pas hésiter à vous en servir quand vous avez décidé de foutre le bordel, comme lors d'une AG à l’université, une gréve, un goûter d'enfants etc... ou pour mettre à un terme une discussion embarrassante!
RéponsatouTM : TA GUEULE TOI DE TOUTES FAÇONS TU N'ES QU'UN FACHO !
Alain Enruine : bon, ça va, on a compris Oliveau ! Va jouer dans ta chambre maintenant !
RéponsatouTM : TA GUEULE TOI DE TOUTES FAÇONS TU N'ES QU'UN FACHO !
Alain Enruine : NON MAIS PETIT C... TU VAS M’OBÉIR ???
RéponsatouTM : TA GUEULE TOI DE TOUTES FAÇONS TU N'ES QU'UN FACHO !
RéponsatouTM : TA GUEULE TOI DE TOUTES FAÇONS TU N'ES QU'UN FACHO !
RéponsatouTM : TA GUEULE TOI DE TOUTES FAÇONS TU N'ES QU'UN FACHO !
RéponsatouTM : TA GUEULE TOI DE TOUTES FAÇONS TU N'ES QU'UN FACHO !
RéponsatouTM : TA GUEULE TOI DE TOUTES FAÇONS TU N'ES QU'UN FACHO !
RéponsatouTM : TA GUEULE TOI DE TOUTES FAÇONS TU N'ES QU'UN FACHO !

La caméra nous montre en conclusion le petit Oliveau Besanceniais partant d’un rire ravi tout en tapant dans ses mains, alors que l’appareil, visiblement cassé, ne cesse de répéter la même phrase. 
Nous apercevons aussi furtivement Alain en train de se jeter par la fenêtre.

ATTENTION ! CE JOUET NE CONVIENT PAS AUX ENFANTS D'AGE MENTAL DE PLUS DE 36 MOIS !


Il est recommandé d'utiliser le RéponsatouTM combiné au mégaphone JemmerdelemondeavecmesslogansalaconTM pour une efficacité accrue

lundi 9 janvier 2012

Expérience d'astrophysique

Tentative audacieuse de capter d’éventuelles ondes sonores en provenance d'un gigantesque trou noir...

samedi 7 janvier 2012

Débat télévisé


    - Co... comment pouvez-vous dire cela, monsieur?
Le valeureux militant fulmine et tente tant bien que mal de se contrôler. Son souffle rauque, les mouvements de va-et-vient de ses épaules massives, alors qu'il tente de maîtriser sa respiration, trahissent son état de nervosité extrême. En face de lui l'homme garde un calme absolu. Il poursuit comme si de rien n’était son propos :
    - Ce que je dis, cher monsieur, est pourtant le bon sens même. Je vous le répète encore une fois, en tant qu'ethnologue et anthropologue, il est faux de dire que les peuples sont destinés à se mélanger, à se métisser. Cela est la pire des idéologies. Ce que l'on appelle le multiculturalisme et le vivre-ensemble sont des entreprises de destruction de l'humain!
Une fois de plus l'homme entend la rumeur scandalisée qui provient des rangs bondés du public. Sur le plateau même ce n'est guère mieux : plusieurs invités se sont déjà levés depuis longtemps et ont entrepris de quitter bruyamment le débat télévisé en faisant bien attention d'afficher leur courroux face aux caméras. Cette mascarade avait commencé par ce vieil écrivain sénile, auteur du navrant succès “Scandalisez-vous”, et qui, montrant qu'il aimait mettre ses idées en pratique, s’était levé de son fauteuil en aboyant son indignation, et en rejoignant précipitamment les coulisses, suivi par quelques seconds couteaux, intellectuels auto-proclamés, qui l'avaient imité par solidarité.
    - Monsieur, vous rendez-vous compte de ce que vous venez de dire?
Cette fois c'est l'animateur de l’émission qui a parlé, un animateur qui a depuis longtemps perdu toute autorité sur la discussion et tente vainement de la contrôler en la faisant repartir sur les bons rails. Mais l'homme sulfureux reprend de plus belle :
    - Oui, monsieur Ardicon, je me rends compte, et je mesure la gravité de chacun de mes mots... mais mon devoir, en tant que citoyen étudiant les sociétés humaines, est de vous dire ceci : la colonisation pratiquée jadis par l'Occident fut un acte impardonnable, inqualifiable, notamment parce qu'elle a bouleversé à jamais l'organisation de sociétés dites primitives qui luttent toujours pour retrouver leurs véritables identités. Mais il est un autre phénomène, tout aussi ignoble, et qui sévit actuellement : l'immigration massive des pays du Tiers-Monde vers les pays occidentaux, car comprenez moi bien, ce phénomène migratoire est également, en réalité, un phénomène de colonisation, d'une nature différente que celles que nous avons connues par le passé, avec des méthodes autres, mais qui au final conduit aux mêmes résultats catastrophiques : la destruction de l’identité de peuples comme celui de France.
Le militant antiraciste rugit de nouveau :
    - Mais c'est un fantasme nauséabond, l’identité nationale n'existe pas! C'est en réalité le résultat du mélange de l’identité des différents peuples venus vivre dans notre pays! Soyez honnête, vous un professeur d’université!
L'ethnologue esquisse un sourire amusé :
    - Tiens donc, j'avoue que votre intervention m’étonne quelque peu, cher monsieur! Vous me dites que notre propre identité n'existe pas, mais qu'en même temps elle est le résultat d'un mélange... le résultat d'un mélange qui n'existe pas, je trouve cela assez intéressant comme concept. Il faut croire que l'antiracisme a inventé l’antimatière par accident... de plus vous affirmez que les peuples qui sont venus s'installer chez nous ont bien une identité propre, mais que nous, nous ne pouvons en avoir... notion étrange encore une fois. Je suis curieux de connaître le phénomène qui expliquerait comment un pays de plus de mille cinq cents ans d'histoire, à la culture foisonnante, a pu ainsi évoluer sans développer sa propre identité!
Le public rit. “C'est bien”, songe l'homme, “j'ai réussi à retourner la situation, mais ce ne fut pas facile”. Il jette un coup d’œil à son interlocuteur. Ce dernier, en retour, lui renvoie un regard de plus en plus haineux.
    - Ne jouez pas sur les mots, monsieur! Vous essayez de plaisanter mais vos propos sont odieux, nauséabonds et dignes...
    - … des heures les plus sombres de notre histoire, n'est-ce-pas? Quelle originalité dans les vôtres en tous cas...
Le public s'amuse de l'intervention de l'homme, ce qui jette le militant antiraciste dans une rage de moins en moins contenue :
    - Dire que de pauvres malheureux qui viennent chez nous pour connaître une vie meilleure sont en réalité des colonisateurs est odieux, c'est du racisme monsieur, et je ne peux pas vous laisser dire cela! Cela n'a rien à voir, ce sont les occidentaux les véritables colonisateurs, ce sont les bl...
Il s’arrête de justesse, confus. Son interlocuteur en profite pour reprendre la parole, en faisant semblant de ne pas avoir deviné le mot qu'il s’apprêtait à prononcer :
    - Oui cher monsieur, je persiste et signe, les vagues d'immigration actuelles sont une forme de colonisation car elles ont pour résultat une modification de plus en plus profonde des structures culturelles et politiques des sociétés d'accueil. J’étudie l'Histoire, entre autres choses, figurez-vous, et l'Histoire est pleine d'exemples de sociétés humaines ayant peu ou prou disparu du fait d’expériences hasardeuses comme celle que nous vivons actuellement avec l'immigration de masse. Les sociétés humaines sont en réalité très fragiles, et un rien peut les balayer. De plus les occidentaux ne furent pas les seuls colonisateurs de l'Histoire, loin de là ! Chaque civilisation, pour peu qu'elle ait été assez puissante, a cherché à un moment ou à un autre à s’étendre aux dépends de ses voisins plus ou moins proches. C'est pour ainsi dire une loi humaine, et même naturelle. Les armes des colonisateurs de jadis étaient la technologie, les fusils, la poudre à canon... celles des colonisateurs de maintenant sont leur fécondité élevée et leur refus de l'assimilation, mais à terme les résultats sont les mêmes : les sociétés mises sous le joug sont bouleversées pour ressembler aux sociétés conquérantes!
C'est au tour d'une philosophe en vue d'intervenir :
    - Ce que vous dites, monsieur, est terriblement pessimiste et réducteur. Vous ne voulez pas voir que ces colonisateurs, comme vous les appelez, apportent du sang neuf et revitalisent, en quelque sorte nos pays moribonds! Regardez les États-Unis, ce mélange de cultures infiniment variées! Les États-Unis sont devenus la première puissance mondiale et ce n'est pas un hasard. Les jeunes qui viennent s'y installer du monde entier ne sont pas des envahisseurs, mais au contraire des êtres humains désireux d'apporter leur richesse à leur nouveau pays. Tenez moi qui enseigne entre autres à Yale, je vois parmi mes étudiants, les américains ne sont ni les plus nombreux, ni les plus brillants!
L'homme parvient tant bien que mal à dissimuler un bâillement :
    - Mais madame... vous mettez en relation des faits qui ne sont pas comparables! Quelle est la grande différence entre les États-Unis et nos nations européennes? Et bien les États-Unis, pays récent, se sont véritablement construits avec l'immigration de peuples divers, tandis que les pays d'Europe comme la France possédaient déjà une culture pluriséculaire avant l’arrivée des premières grandes vagues d'immigrants! Et puis je trouve votre exemple des États-Unis quelque peu maladroit... les États-Unis sont tout de même un pays qui connaît des tensions ethniques assez graves, et ce depuis des décennies! Dois-je vous rappeler, par exemple, les émeutes de Los Angeles dans les années quatre-vingt-dix? Et les fameuses lois sur l'immigration dans l'Arizona? Ne me faites pas croire que tout se passe pour le mieux là-bas! Et puis quand vous évoquez les élèves étrangers particulièrement brillants... mais n'est-ce-pas également un trait culturel propre aux étudiants issus de ces pays? Il se trouve que je suis également professeur, comme vous le savez, et mes étudiants les plus brillants, ou du moins les plus motivés, sont pour la plupart aussi des étrangers. Principalement chinois, japonais, indiens, vietnamiens et russes. J'y vois pour ma part la soif de connaissance de ces pays qui seront de ce fait les pays dominants de demain, alors que nous, occidentaux, nous complaisons dans la facilité, le culte de la paresse et des loisirs, le refus du travail, mais c'est sans doute un autre débat!
    - Mais justement, c'est une richesse que la jeunesse de ces pays nous apporte!
    - Il s'agit moins de richesse que les étudiants de ces pays nous apportent, et dont d'ailleurs ils s'empresseront de faire profiter leurs propres pays une fois formés par nous, que d'une pauvreté que nous avons nous-mêmes acquise à force de nous reposer sur nos lauriers et, je dirais même, de concentrer nos efforts sur les tentatives extrêmement coûteuses d’intégrer sur notre propre sol des populations étrangères, souvent d'ailleurs en vain!
Un murmure de désapprobation secoue le public. L'homme comprend, mais un peu tard, qu'il est allé trop loin. Le militant antiraciste revient à la charge :
    - Vous voyez monsieur, ce que vous dites est raciste, odieux, vous mériteriez d’être poursuivi pour vos propose indignes! Ce n'est ni plus ni moins que de la haine ce que vous exprimez!
L'homme n'en peut plus. Il a réussi à garder son calme jusqu’à présent, mais il sent qu'il ne peut plus continuer ainsi :
    - Mais allez-y, poursuivez moi, traînez moi devant les tribunaux, puisque c'est là votre moyen de subsistance, avec bien entendu votre tendance à mendier honteusement auprès de l’État et des collectivités locales quelques précieuses subventions! Vous savez très bien que ce que je dis est la vérité, mais vous ne pouvez pas l'avouer! Quand on accueille des populations étrangères en nombre et que l'on doit scolariser leurs enfants qui souvent ne parlent pas le français, et ont des habitudes culturelles telles que nos méthodes pédagogiques marchent difficilement avec eux, comment ne pas voir que les tentatives de les mettre à niveau a pour effet pervers de faire perdre un temps précieux à toute la classe! Comment s’étonner que des pays plus homogènes que nous sur le plan ethnique et culturel, comme le Japon ou la Finlande, voient leurs élèves obtenir de bien meilleurs résultats scolaires que les nôtres? Ne voyez-vous pas que nous traînons des boulets à force d'appliquer cette idée imbécile, pseudo républicaine, que notre pays est une terre d'accueil et ne doit pas présenter d’entrave à la libre circulation des individus? Ne voyez-vous pas que nous courons à la catastrophe à force de considérer bêtement que les populations que nous accueillons sont comme nous et qu'il s'agit simplement d'occidentaux avec une couleur de peau différente? Enfin comment ne pas être offusqué par le fait que cette nouvelle forme de colonisation que je dénonce, est acceptée et même encouragée d'une manière intolérable par les plus hautes instances internationales, comme l'Union Européenne ou l'ONU qui se fichent éperdument des conséquences catastrophiques à terme, tant les hommes et les femmes qui les dirigent sont rongés par l’idéologie? Laissez moi vous dire que forcer des peuples à vivre les uns avec les autres, sans considération aucune pour les spécificités culturelles de chacun est un crime. Les écologistes nous ont appris que nous ne pouvions pas faire n'importe quoi avec la Nature et que nous devions éviter de jouer aux apprenti-sorciers avec les écosystèmes pour ne pas provoquer des déséquilibres néfastes et irréversibles... il est seulement dommage que ces mêmes écologistes, souvent eux aussi rongés par une idéologie militante pro-immigration, n'aient pas compris que les mêmes lois s'appliquaient aux sociétés humaines!
    - Vous êtes décidément d'un racisme incurable! Ramener sans cesse l'Autre à son origine qui en ferait à jamais un être diffèrent de vous ou moi, sans possibilité d’évolution, c'est pitoyable, c'est grotesque, c'est ignoble!
    - Je voudrais vous faire remarquer, monsieur le courageux militant antiraciste, que jamais je n'ai parlé d'individus, mais de populations! Chaque individu a son histoire propre, ce qui fait que l'on ne peut réduire un individu aux caractéristiques du pays dont il est issu. En revanche les peuples sont tout entiers pétris de ce qui fait leurs spécificités. Or nous ne nous trouvons pas devant la venue de quelques individus, mais devant celle de populations entières, là est la différence fondamentale, monsieur!

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Il est tard lorsque l'homme regagne sa petite voiture garée dans une rue adjacente au studio.
Alors qu'il roule dans les rues de Paris il se demande ce que seront pour lui les conséquences. Sera-t-il poursuivi? Et ses collègues de travail, lui parleront-ils encore? Et ses étudiants? Pourra-t-il encore faire cours? Il ne sait pas encore, et il se demande s'il a bien fait de répondre à cette invitation à débattre. Le thème était “ Les défis du multiculturalisme au vingt-et-unième siècle “, et il a donné son accord pour y participer, sans se méfier. Il ne pouvait savoir qu'il serait seul contre tous, contre ces experts autoproclamés de la condition humaine et qui ne connaissent rien à rien. Mais il sentait qu'il avait bien fait de ne pas se démonter, de ne pas trahir sa conscience. Oui, il avait refusé de grossir le rang des hypocrites, ceux-là qui débitent les pires platitudes humanistes devant les caméras mais qui reconnaissent en privé, du bout des lèvres, que l'on ne peut plus continuer ainsi, et rien que pour cela, il pouvait être fier.
Il allume son autoradio et tombe par hasard sur une musique qu'il connaît bien, la Passion selon St Matthieu de Bach, et tandis qu'il s'enivre à l’écoute des chœurs tragiques et grandioses qui montent en flammes dans le silence tournoyant, il se dit, tout bas :
    - Non, je refuse que cela meure un jour...