lundi 5 septembre 2011

America, land of the fat

Travaillant pour une entreprise implantée aux États-Unis (ma qualité d’évêque à temps partiel m'obligeant ainsi à quelques compromis avec la vie profane, histoire de mettre du “beurre dans les épinards” comme on dit au MRAP) , j'ai reçu il y a quelques jours dans ma boîte électronique un message des ressources humaines incitant le personnel à se procurer quelques denrées de première nécessité pour les donner aux plus pauvres d'entre nous.
Fort bien me dis-je, étant toujours prêt à faire un geste pour les nécessiteux, comme par exemple leur indiquer du doigt la soupe populaire la plus proche (après tout le patron il y a deux mille ans ne plaisantait pas avec le social), mais je dois avouer que la liste des aliments recommandés m'a quelque peu surpris :


Pour les non anglophones, les produits en gras sont les plus demandés. Y figurent entre autres le beurre de cacahuète (peanut butter) et la gelée (jelly), ce truc informe et infâme qui nous vient des extra-terrestres d'Outre-Manche (les pauvres ont des goûts navrants, c'est bien connu, comme dirait Bigard).
Donc si je résume, on demande aux généreux donateurs de fournir à ceux qui ne peuvent pas ou mal se nourrir de quoi se farcir un bon infarctus lié à un excès de cholestérol, tant le beurre de cacahuète est connu pour ses qualités diététiques.
On notera d'autre part qu'outre les “beans”, ces fameux haricots américains proches de nos flageolets, donc plutôt assimilables à des féculents, il n'est fait mention d'aucun légume sur la liste...
Je suis peut-être un peu idiot, mais je pensais jusqu’à présent que les campagnes de dons destinées à lutter contre la faim étaient l'occasion de donner aux plus démunis de quoi se nourrir convenablement en basant leur alimentation sur des repas équilibrés.
Sachant que les produits les plus mauvais pour le corps, ceux qui contiennent des quantités astronomiques de sucre et de graisse, sont généralement les moins chers, on comprend bien que les personnes aux ressources les plus limitées n'ont déjà que peu l'occasion de se fournir en fruits et légumes, moins abordables que ce que l'on peut trouver dans un fast-food. Ce n'est peut-être pas la peine d'en rajouter avec des opérations prétendument généreuses qui vont les noyer encore un peu plus de gras et de malbouffe.
Ou alors il s'agit véritablement d'inciter les pauvres à se constituer une couche de lard destinée à les préserver des hivers rigoureux du nord des États-Unis, en cas de coupure du chauffage pour défaut de paiement, auquel cas il faut reconnaître que l’idée est bien pensée. Je n'ose en tous cas imaginer qu'il s'agit d'un moyen de lutter contre la surpopulation des nécessiteux en les faisant crever à petit feu, les États-Unis battant des records dans le domaine des maladies cardia-vasculaires liées à une alimentation trop riche.
Je ne sais pas si le pauvre est biodégradable, mais il y a peut-être d'autres moyens de lutter contre la misère et l’exclusion que de le laisser crever de mauvais cholestérol en pleine rue...

Ce SDF américain a eu la malchance de croiser sur son chemin une association caritative d'aide aux affamés

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Dernière minute, sur un sujet n'ayant rien à voir :

Je ne sais pas si comme moi vous êtes profondément agacés par tous ces individus qui ne peuvent tenir cinq minutes sans se jeter sur leurs téléphones portables pour informer la planète entière, via leurs comptes Facebook ou le site VDM, des dernières mésaventures palpitantes qui leur sont arrivées (“François est chez lui en train de se faire des pâtes!!!”, “David a adhéré au groupe "moi aussi j'aime faire la sieste"”, “Mélanie a croisé Jean-Pierre Raffarin dans la rue et a eu très peur”, “Aujourd'hui maman est morte et j'ai flingué un arabe sur la plage sans le faire exprès, VDM”, “Aujourd'hui Cartman s'est encore foutu de ma gueule parce que je suis pauvre et je me suis fait écraser par un train de marchandise pour la 72ème fois, VDM”) à tel point que la première chose que font les passagers d'un avion quand il vient d’atterrir est de rallumer fébrilement leurs Iphones et autre gadgets dispendieux comme si leurs vies en dépendait.
Je remarque surtout cela aux États-Unis, mais j'imagine que ce n'est guère mieux dans les autres pays occidentaux.
A propos d'avion, un proche m'a justement appris que quelque part au pays de l'Oncle Sam, un appareil de ligne avait fait une sortie de piste, apparemment sans gravité, mais en secouant copieusement les divers passagers et membres d’équipage.
Tout ce petit monde a bien entendu sorti téléphones portables, Ipads et autres machins électroniques pour, dans un réflexe de survie, non pas appeler leurs proches et les prévenir personnellement, mais commenter leurs comptes Facebook et Twitter, j'imagine à base de “OMG!!! L'avion a quitté la piste et va s'encastrer dans la tour, on va tous mouriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiir!!!!! - 15 personnes aiment ça”.

Si cela n'est pas un signe...

 - Commandant, je crois qu'on a un problème...
- Attends, je finis de commenter la vidéo avec les chatons qu'a postée Rémi sur son mur et je lance un appel radio!

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