mardi 21 juin 2011

Nouvelle : “2011, une satire nauséabonde” - CHAPITRE XI (et dernier...)

Et le grand jour arriva...
Sur l'immense place était dressée la tribune où devaient prendre place les musiciens qui par leur énergie, leur enthousiasme et leur talent allaient terrasser, une fois pour toute, l'hydre raciste.
Le programme était alléchant de par sa diversité et la qualité de ses interprètes : citons entre autres « Assassin meurtrier », « Gang bang multicul », « Tueur de keuf », « Niktasoeur », « Tireur d'élite », « Kalachnikov », « Genossid », et RAF.
Déjà le parterre se remplissait d'un public jeune et festif, impatient de voir les grandes vedettes se produire sous ses yeux éblouis. On entendait ça et là des bribes de ces conversations pittoresques qui ont fait la réputation de cet esprit titi parisien issu des quartiers populaires et chaleureux :

Une voix : Salaam Aleikoum Rachid, comment ça va ? Tu as pris des couleurs !
Deuxième voix : On fait aller Ahmed, je reviens du pèlerinage à la Mecque ! Ça s’est très bien passé sauf qu’en tournant autour de la Kaaba on est rentré en collision avec des imbéciles de convertis anglais qui s'étaient trompés de sens !
Première voix : Bon, c’est pas tout ça, mais c’est l’heure de la prière, j’ai repéré une charmante petite rue à bloquer ! Je me dépêche !
Deuxième voix : L'embêtant à Paris quand même c’est le manque de places dans les rues pour s’agenouiller, on est souvent obligé de se prosterner en double-file !
Troisième voix : Mais le pire c’est la prière à heures fixes, il faut toujours respecter un créneau horaire bien précis, et comme ma femme passe son temps à papoter elle rate souvent ses créneaux !
Quatrième voix : Ben tiens, en parlant de ça, l’autre soir je surprends ma femme en train de bavarder avec la voisine. Je la prends, je la ramène à la maison, et c’est en la déshabillant pour la coucher que je me rends compte que c’était pas ma femme : je m'étais trompé de burka ! Depuis je lui en achète des tunées pour ne plus la confondre !
Troisième voix : Moi j’ai eu le même problème le jour où avec une de mes femmes on est allé visiter ses parents : non seulement je m'étais trompé d'épouse mais en plus mon beau-père avait sorti la mauvaise belle-mère ! Qu’est-ce qu’on s’est fait engueuler tous les deux !
Quatrième voix : Au fait, je suis allé au salon du nikab cette année, vous saviez qu’ils sortaient des décapotables maintenant ?
Cinquième voix : Hé, elles étaient comment les hôtesses ? Vas-y raconte !
Quatrième voix : Je ne sais pas, on ne les distinguait pas des modèles exposés.

Un peu plus loin, dans un coin retiré près de l'estrade, nous retrouvons nos sympathiques écoliers accompagnés de leur instituteur, tous en tenue de pionnier de l'antiracisme, avec chaussettes bien tirées, mini-shorts, chemise et foulard, casquette militaire, petits fanions à agiter et badges « Touche pas à mon pote ».

Stan : Monsieur Garrison elles craignent ces tenues!
Instituteur : Je sais Stan, tu comprends maintenant ce que les gens ont souffert sous le communisme! Tu sauras dorénavant que les totalitarismes sont des plaies de l'humanité!
Monsieur Esclave (dans la même tenue, mais avec un short plus court et plus échancré) : Moi j'aime vous voir comme ça Monsieur Garrison! Je trouve que ça va à ravir avec l'uniforme d'officier SS que vous m'avez offert à Noël!
Instituteur (rouge de confusion) : Monsieur Esclave! Je … je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler voyons! Ne... ne l'écoutez pas les enfants! Il plaisante!
Kyle : Monsieur Garrison! On a perdu Cortex et Cornflex!
Instituteur : J'ai vu Kyle, et je suis très inquiet car le pire peut se produire : il se peut qu'ils soient allés aux toilettes et qu'ils reviennent ici d'une minute à l'autre, alors tirons-nous d'ici en vitesse!

Nous les retrouvons essoufflés un peu plus loin :

Instituteur (reprenant haleine) : Ça … ça devrait être suffisant! Bon les enfants, je sais que vous vous sentez ridicules dans ces tenues, mais songez au prestige de l'uniforme! Il n'y a pas mieux pour choper des nanas! Elles raffolent de la virilité guerrière!

A ce moment précis passe un petit groupe de femmes en burqua :

Une burka (enfin la femme en dessous) : T'as vu tous ces travelos??? Les gens s'habillent vraiment n'importe comment de nos jours!!!
Instituteur : Con« BIP » se!!!

Enfin les grands dignitaires du mouvement antiraciste arrivèrent pour donner le coup d'envoi de la fête. Dominique Suppo fut le premier à prendre la parole devant la foule

Dominique Suppo (portant à son bras gauche un brassard avec une petite main jaune) : Mes chers amis, c'est avec une grande fierté que je vous présente les résultats de l'exercice 2010 de SOS Racisme! Je ne résiste pas au plaisir de vous annoncer que notre chiffre d'affaire a progressé en raison de l'augmentation du nombre de procès pour propos nauséabonds que nous avons pu intenter! Tout ceci est vraiment très encourageant, et nous espérons bien entendu faire encore mieux cette année, et l'année suivante. Mais je n'oublie pas bien-sûr que tout cela n'aurait jamais été possible sans vous, et je rends hommage au zèle que vous avez déployé pour faire de SOS racisme le numéro un du marché de l'antiracisme en France!

Un tonnerre d'applaudissements se fit entendre, venu des rangs bigarrés qui lui faisaient face.

Dominique Suppo : Et maintenant mes chers amis, laissez la place au défilé de nos jeunes pionniers ! Des petits écoliers qui sont vraiment à croquer! Admirez les dans leurs tenues d'antiracistes ardents! Ils sont noirs, blancs, jaunes, et représentent l'avenir de l'humanité rassemblée en un seul groupe solidaire!

Instituteur : Les enfants je crois que ça va être à nous! Alors dites-vous que le seul moyen de vous faire respecter est de prendre un air farouche et terrible de guerrier impitoyable!
Kyle : Comment on prend un air farouche et terrible de guerrier impitoyable monsieur Garrison?
Instituteur : Bonne question Kyle, pour se mettre dans la peau d'un beau et grand soldat fier de son hétérosexualité épanouie (il soupire) il faut penser à tout ce qui est motivant sur un champ de bataille gorgé de sang et de fureur (il frissonne), comme par exemple la torture et le viol des vierges!... pourquoi vous me regardez comme cela? Vous n'avez jamais joué à la guerre quand vous étiez petits? Bon allez, assez de discussions, en route!

Et la petite troupe s'ébranl... enfin se mit en marche. Les enfants passèrent entre les rangs des spectateurs, au son d'une musique militaire, agitant leurs fanions multicolores.

Une voix dans la foule : T'as vu Ibrahim? Ils font défiler la Gay Pride maintenant! Devant nous, c'est de la provocation! Ils nous offensent!
Instituteur (énervé) : Non monsieur! Nous sommes des pionniers virils! Virils et impitoyablement hétéros! Et les nanas sont toutes folles de nous!!!

Les discours se succédèrent à la tribune officielle. Il y eut Mouloud Allunit, du MRAP.

Mouloud Allunit : Mes chers amis, l'heure est grave! Inexplicablement, alors que nous faisons tout pour le rapprochement entre les peuples en faisant venir de plus en plus d'étrangers pour faire connaitre aux français les joies du métissage, la xénophobie se développe, le racisme se répand! Nous ne comptons plus les actes nauséabonds qui se manifestent contre nos frères de couleur! La solution? Il s'agit bien-sûr d'ouvrir encore plus les frontières pour inciter nos voisins de tous les horizons à venir encore plus nombreux, accélérant ainsi le phénomène de métissage de notre société : comme tout le monde sera pareil il n'y aura plus de racisme, car il n'y aura plus de race! Oui... enfin... euh remarquez, il n'y avait pas de race avant non plus, que des couleurs hein... mais après il y en aura encore moins! C'est cela le génie de la diversité!

Puis le premier ministre, le ministre de la culture, le ministre de la diversité, celui de l'agriculture (qui en fait s'était trompé de manifestation).
A ce moment là arriva notre vieille connaissance Houria Boujdeula. Elle était accompagnée de ses grands amis de la Gauche qu'elle tenait tous en laisse. Elle se dirigea vers un homme d'une cinquantaine d'années en costume gris clair, la barbe bien taillée.

Houria : Tarik! Comme je suis contente de te voir! Laisse-moi te présenter mes nouveaux amis : alors voici Oliveau, Alain, Marie-Georges, Cécile, Dominique, Martine, Jean-Luc, Daniel,... ce sont mes plus proches collaborateurs!
Tarik Ramafon (avec un grand sourire) : Salaam Aleikoum tout le monde! Au fait les filles, j'espère pour vous que vous aimez le look « crâne rasé »! Sinon vous avez intérêt à mettre les voiles... ha ha ha! Bon Houria je te dis à tout à l'heure, je dois faire mon discours!
Martine Ahurie : Dis Houria, qu'est-ce qu'il a voulu dire Tarik?
Houria : Oh non, ne faites pas attention, c'est un grand déconneur! Il adore faire des plaisanteries au second degré et « à deux niveaux de lecture » comme on dit!
Oliveau Besanceniais : Dis papa, pourquoi on est tenu en laisse comme ça?
Alain Enruine : Oliveau, tu es un trotskyste non? Combien de fois t'ai-je dit qu'un bon trotskyste interprète toujours la réalité? Donc nous ne sommes pas « tenus en laisse » mais « nous sommes très attachés à Houria », nuance!

Enfin ce fut le tour d'Houria de prononcer son discours. Elle attacha consciencieusement ses amis à un poteau au pied de la scène et se dirigea vers le micro.

Houria : Je fais un rêve ! Que demain les descendants d’esclaves puissent s’assoir à la même table que les descendants convertis d’esclavagistes autour d’un même repas halal ! Je fais ce rêve fraternel pour tous les croyants dans la France de demain qui rompra à jamais avec son passé colonialiste ! Non, plus d’exploitation ! Plus d’Afrique française, c’est l’inverse que nous voulons ! Oui je fais ce rêve d’une France nouvelle, radicalement différente, débarrassée de tous ses éléments impurs, ouverte à tout ce que peut lui apporter l’autre en terme de bienfaits, en particulier l’Islam, ce cadeau universel ! Oui, les dhim… les amis, l’Islam pour tous, en France ! Ce grand rêvé, ce bonheur est possible ! L’islam en France, tel est l’engagement que nous prenons devant vous si vous nous faites confiance, et nous tiendrons parole !
l’Islam pour nous est un cadre structuré et déstructurant, il ne nous accompagne pas uniquement à la mosquée, mais aussi au foyer, au travail, à l’école, à la prison. La France est à nous et la langue française aussi. Elle est notre langue, nous la parlons et l'écorchons comme bon nous semble et assumons seuls le fait de nous rendre intelligibles, ou pas, comme le montre l'exemple de nos banlieues. L’Islam est la structure de notre existence, notre unique référentiel, et nous ne cherchons pas à offrir le visage “modéré” du Musulman civilisé.
Pour nous, enfin, l’action politique c'est réformer les hommes, c’est à dire, bien entendu, les convertir! Nous considérons comme un devoir religieux l’implication active dans les affaires du monde!
Je vous le dis, le PORC est à venir!

Ce fut un grondement, une clameur immense venue de la foule. Elle fut incontestablement la plus applaudie des tribuns qui s'étaient succédés.

Dominique Suppo (des larmes dans les yeux) : Houria, c'était magnifique... j'en ai pleuré d'émotion!
Mouloud Allunit : Oui, je... je... n'ai plus pleuré ainsi depuis l'instauration de la révolution islamique en Iran en 1979!

Houria n'eut pas un regard pour le public et se dirigea vers la voiture qui l'attendait au pied de la scène. Le chauffeur démarra et, passant péniblement entre les grappes de spectateurs qui s'agglutinaient autour du véhicule, il ne put éviter un enfant à l'allure étrange qui passait par là, et roula dessus.

Chauffeur : Euh, madame, je crois que je viens d'écraser un des petits travelos qui défilaient tout à l’heure !…
Houria : Bah, pas grave, un kafir sans-doute…
Stan : Oh mon dieu elle a tué Kenny !
Kyle : Espèce d'enfoirée !

Martin se fraya un passage dans la foule dense, tentant de se rapprocher le plus possible de la tribune. Enfin le concert commença. La première à se produire était la chanteuse Perl's.
Une bâche bleue fit son entrée sur la scène.

Une voix dans le public : Ma femme!?
Une autre voix : Non, je crois que tu confonds encore!

La bâche en question se mit soudainement a meugler au son de la musique.

La première voix : Non effectivement, ce n'est pas ma femme!
La bâche : Ma France à moi, elle crie fort, elle gueule! Ell'pense qu'au bled et respecte pas les règles! Ma France à moi c'est pas l'beaujolpif, ma France a moi c'est pas cett'France profonde de racistes!

Suivit le groupe « Gang bang multicu » :

Chanteur de « Gang bang multicul » :
J'nik la France, j'la baise!
J'me fais leurs chiennes à l'aise!
Les blanches sont des putes à baiser!
J'vois pas pourquoi on va s'gêner!

Contre toute attente le ministre de la culture intervint à la fin de la chanson.

Ministre : Chers amis, l'émotion m'étreint aujourd'hui pour remettre à ce groupe talentueux le grand prix Rimbaud de la poésie citoyenne pour son insolence artistique et engagée contre les préjugés!
Chanteur de « Gang bang multicul » (recevant le prix des mains du ministre) : Il a écrit des poèmes Stallone???

Le groupe « Genossid » fit à son tour son entrée sur la scène.

Chanteur du groupe « Genossid » :
Crève les pédés avec ton gun!
On est tous là pour le fun!
La France franch'ment rien à branler!
On prend le fric et on va s'tirer!

Puis le groupe « Assassin meurtrier ».

Chanteur du groupe « Assassin meurtier » :
J'rêve de Paris sous les bombes!
Les babtous tous mis dans la tombe!
Des renois demain à l'Elysee!
La France va bien s'faire baiser!

Le groupe ZEP fit également son entrée, offrant au public en délire sa chanson phare « Baise la France ». Quelques personnes au premier rang remarquèrent que les chanteurs Busta Jean-Pierre et MC Robert se dandinaient étrangement tout en dansant péniblement, sous le regard goguenard de Saïd.
Une surprise se produisit alors : Cortex et Cornflex firent leur apparition sur la scène en « tenue de ville » (baskets, survêtement et capuche) :

Cortex et Cornflex (beuglant) : Stares du Ouaibe!!!! (orthographe d'origine)
Stan : Monsieur Garrison regardez! Cortex et Cornflex sont là, sur la scène!
Instituteur : Oh les « BIP »! Ils ont enlevé leurs tenues de petits pionniers! Ils ne sont vraiment pas solidaires dans le ridicule!
Monsieur Esclave : Oui dommage, ça faisait bien ressortir leurs torses virils!

La grande communion fraternelle se poursuivit encore pendant près de trois heures. Vint enfin le tour du chanteur engagéTM RAF de se produire.

RAF :
La guerre c'est nul!
La paix c'est mieux !...


Le public commença à refluer à cet instant...

Instituteur : Bon, il est temps de partir les enfants, tout le monde est là  ?
Kyle : Non monsieur Garrison, Cortex et Cornflex ont disparu et Kenny est mort !
Instituteur : Parfait alors allons-y ! On n’a que trop perdu de temps et nous sommes ridicules dans ces tenues qui nous foutent vraiment la honte !
Monsieur Esclave : J'espère qu’on pourra les garder !

Le concert convivial touchait à sa fin. Le parterre se vidait. On voyait ça et là des magasins dévastés, des voitures en feu, des débris jonchant la chaussée : tout cela avait été une réussite incontestable dans le respect des valeurs républicaines.
Martin resta seul, muet, devant la scène maintenant plongée dans l'obscurité. Son crâne cognait comme après une nuit d'ivresse. Il fit quelques pas hésitants, et il dût s'appuyer contre un lampadaire pour ne pas tomber, alors qu'il sentait qu'il était sur le point de s'évanouir.
A quelques mètres de là :

Oliveau : Dis papa, j'ai l'impression qu'Houria a oublié de nous détacher!
Alain : Oliveau, pour la dernière fois! Houria ne nous a pas oubliés! On nous a juste confié la mission de rester jusqu'au bout pour nous assurer que tout se passait bien! C'est une question de confiance et c'est un honneur! (se tournant vers les autres) Euh... dites les gens, personne n'aurait un couteau suisse?
Daniel Conne-Bendit (à moitié étranglé par sa laisse) : La Suisse c'est nauséabond! Ils doivent revoter!

 Proposition #2348 d'uniforme de petit pionnier de l'antiracisme (non retenue)

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