mercredi 4 mai 2011

Quand on voit c'qu'on voit, et qu'on entend c'qu'on entend...

Le monde entier est dans l’expectative, l’incrédulité et la peur.
Depuis que, partout sur la planète, les journaux et télévisions ont annoncé la stupéfiante nouvelle, chacun se prend à attendre, muet et anxieux, guettant l’annonce soudaine des premières sanctions, des premières représailles, et l’Occident libre et tolérant est sur le point de trembler, une fois de plus.
Ainsi donc il y aurait des quotas officieux au sein du football français, des quotas de blancs ! On comprend aisément l’émoi que cette information a pu provoquer, du Japon au Mexique, de la Norvège à l’Afrique du sud l’Antarctique.
Des bruits circulent quant au fait que, bouleversée par cette annonce, une jeune anglaise aurait prononcé le jour même de ses noces un distrait et fatidique « I do » au moment où on s’enquerrait de son avis (on se demande bien pourquoi), alors que toute femme normalement constituée et en pleine possession de ses moyens aurait préféré s’enfuir ventre à terre à l’idée de devenir un jour la reine d’un pays qui a produit les Spice Girls et Benny Hill, et où les traditions culinaires tiennent davantage du chaos et de la désolation que de la gastronomie proprement dite.
On prétend également que c’est parce qu’il était scotché devant son écran à attendre fébrilement les explications officielles de Laurent Blanc que Ben Laden n’a pas fait attention à ce bruit étrange dans son jardin, celui de l’hélicoptère des forces spéciales d’intervention venues lui faire la surprise d’une petite partie amicale de Paint-ball « à la pakistanaise » (pays dans lequel il est plus facile de se procurer des munitions d’AK47 que des cartouches de peinture, avouons-le).
Tout de même des quotas, quel effarement ! Comment aurait-on pu imaginer un jour que cela pouvait se produire. On tombe des nues ! Rien pourtant ne nous y avait préparés : nous vivons, faut-il le rappeler, dans une république égalitaire qui s’est toujours refusée à la moindre discrimination, et dès lors ce n’est pas demain la veille que des quotas seront instaurés, par exemple, dans le paysage audiovisuel ou aux concours d’entrée de certaines grandes écoles. Non mais vraiment où va-t-on ? Et puis si on poussait le concept jusqu'à l’absurde, pourquoi dans ce cas ne pas instaurer des quotas partout ? Ainsi on obligerait Lady Gaga à respecter dans ses chansons des quotas de vraies notes, avec de la vraie musique donc, et de vrais mots avec de vraies phrases qui ont un vrai sens (non je vous rassure, là c’est de la science fiction, la liberté de se foutre du public artistique reste sacrée).

Trêve de plaisanterie, on a beaucoup glosé sur les explications embarrassées des responsables, pris la main dans le sac, et certains y sont allés d’arguments plus ou moins techniques, à savoir que la sélection des futurs joueurs s’effectuant tôt, vers l’adolescence, et les jeunes d’origine africaine présentant en général une stature plus athlétique à cet âge que leurs camarades de type caucasien, ils ont plus de chances d’être choisis. A tort diront certains car il semblerait que si les qualités physiques des footballeurs noirs sont unanimement reconnues, leurs homologues blancs excelleraient quant à eux dans la partie tactique du jeu. D’où l’idée d’instaurer des quotas pour éviter qu’une équipe ne brille que sur le plan de la puissance ou de l’endurance.
Je ne reviendrai pas sur ce point, ne serait-ce que parce que je ne connais pas grand-chose au monde enchanté du football professionnel (vous savez, cet univers merveilleux où l’on voue un culte à des millionnaires n’hésitant pas à tricher et simuler une blessure, à frapper ou à marcher sur un adversaire quand l’un de ces malheureux se sent d’humeur un peu ronchonne, le pauvre chou, et que l’on donne volontiers en exemple aux enfants), mais je voudrais développer un autre point de vue qui n’a, ce me semble, pas ou peu été entendu.

Je ne suis pas les matchs de l’équipe de France, mais j’ai cru remarquer qu’un certain désamour s’était établi entre elle et son public habituel, pas seulement d’ailleurs du fait de sa « brillante » performance lors de la dernière coupe du monde. Il semblerait ainsi que le nombre de cuistres osant se désintéresser totalement de ses, disons, « exploits », soit en augmentation continue (alors qu’à en juger par le matraquage médiatique constitué par les reportages télévisés et les messages publicitaires qui fleurissent lors de rencontres internationales, être un supporter complètement abruti zélé est assimilé à un devoir civique au même titre que feu le service militaire ou l’achat du dernier disque de Carla Bruni), et ce phénomène serait à mon avis accentué par le sentiment que notre équipe, pourtant nationale, ne représenterait plus grand chose.
La France, n’en déplaise à certains, et pour reprendre les mots d’un célèbre général de brigade, est tout de même un pays de race (oh le vilain mot !) majoritairement blanche et de culture principalement judéo-chrétienne. Or je doute que le français moyen se sente véritablement concerné par les tribulations, pour ainsi dire rocambolesques, d’individus aux aspects ainsi qu’aux pratiques cultuelles et culturelles plutôt exotiques. Niveau identification cela me parait franchement moyen.
On pourrait ainsi imaginer une équipe d’Algérie composée pour la plupart de joueurs de confession bouddhiste, au teint d’ivoire et aux yeux bridés, puisqu’il apparait que la communauté chinoise est de plus en plus importante dans ce pays. Je ne pense pas que dans ce cas les supporters des Fennecs seraient aussi fervents (ce qui, soit dit en passant, ne serait peut-être pas un mal vu le monstrueux bordel sympathique désordre qu’ils laissent dans les rues de Paris ou de Marseille quand leur équipe favorite est en lice).
Nous sommes d’accord, une telle équipe passerait pour une incongruité, un manifeste du surréalisme, un sketch des Monty Pythons tant le décalage entre la composition ethnique de ce groupe et celle de l’Algérie profonde serait grand.
Et bien en ce qui concerne la France tout le monde trouve cela normal (je pense cependant que cela doit faire rire les japonais comme quoi l’humour anglais est universel – d’ailleurs des français, des africains, des chinois, des japonais, des anglais… cet article est lui aussi merveilleusement divers. Il faudra peut-être que je pense à instaurer un quota d’eskimos et surtout que je ferme cette parenthèse sans intérêt), et c’est même l’idée de vouloir garantir un effectif minimum de joueurs originaires de leur propre pays (il parait que l’expression « français de souche » est à proscrire) qui fait scandale.
Bien entendu on nous ressassera la glorieuse époque de la France « black-blanc-beur » victorieuse de la coupe du monde, cependant il ne s’agit pas de la même chose.
L’équipe de 1998 offrait une image relativement fidèle de la France contemporaine avec ses joueurs d’origines variées, tout en laissant une place substantielle aux individus de type européen qui occupaient ainsi le gros du peloton, et c’est sans doute ce qui a permis une telle symbiose avec son public où chacun, en quelque sorte, se sentait représenté avec en tête l’idée qu’il s’agissait bien de la France, et non d’un pays lambda.
Aujourd’hui (ou tout du moins jusqu'à une date récente) on nous parle d’une équipe dont les repas sont constitués de nourriture hallale, et dont la plupart des joueurs sont d’origine africaine ou disposent de la double nationalité. Il y en a même qui n’hésitent pas à pratiquer la prière sur le terrain au vu de tous. Et on nous dit que ce groupe là, c’est l’équipe de France. Ah … ? Vous êtes sûr de ce que vous dites ? Non parce qu’ils ont bien un maillot bleu (ou blanc, ca dépend des jours de lessive) mais je ne les vois pas chanter quand on entend résonner les premières mesures de la Marseillaise. Ah, attendez… non vous avez raison, ils refusent de jouer…. des enfants gâtés qui font un caprice et se mettent en grève c’est très français…
En bref, on nous a tellement assené l’idée que la France était multiculturelle, qu’il n’y avait pas d’identité nationale (Ha ! Ha ! Un pays de plus de mille cinq cents ans d’histoire ayant développé une identité qui lui est propre – bonjour le pléonasme – non mais où va-ton chercher cela ???), on nous a tellement répété que la diversité était une chance et qu’une population hétérogène était une richesse (les libanais et les anciens yougoslaves s’en réjouissent d’ailleurs tous les jours) que la notion même de racines de la France, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit en réalité, est considérée comme nauséabonde, raciste, et digne des heures les plus sombres de l’histoire (rayer les mentions inutiles). Vous pouvez éventuellement rajouter « Il est encore fécond le ventre d’où est issue la bête immonde » si malgré cette accumulation de poncifs vous craignez d’être encore trop original.
En effet sachez-le : dorénavant en France, quel que soit le domaine et pour parler crûment, il n’y aura jamais assez de noirs ou d’arabes, par contre il y aura toujours trop de blancs (Non nous sommes en 2011, pas en 1984, pourquoi cette question ?). Ainsi bonnes gens pour simplifier un peu, « Quotas d’africains : bien ! Quotas de blancs : pas bien ! »
Ceci dit, même si j’apparais très critique, je m’en voudrais de passer sous silence un mérite de Mediapart, le site d’information à l’origine de cet épouvantable scandale capable de faire vaciller la cinquième république : le quota d’handicapés semble avoir été respecté au sein de son effectif.
J’ai même l’impression que l’un d’eux a été propulsé rédacteur en chef.



Edwy Plenel a longtemps hésité entre une carrière au sein des Village people et la propagande le journalisme

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire