vendredi 20 mai 2011

Un jour à la Poste de Combray

Employée : Oui monsieur, c'est pour quoi?
Usager de la Poste : Je viens pour me saisir, dans les dernières vapeurs du soir, quand la lumière rasante diffuse son aura de douce clarté que Swann retrouvait souvent dans certains recoins des peintures de Vermeer, en particulier dans les nappes calmes et diffuses de la langoureuse vue de Delft, vernie, polie comme un saphir l'est par les caresses du temps séculaire, songeant à toute cette polyphonie des sens qui se manifeste dans les plus grands chefs-d’œuvre de Wagner, à commencer par cette étrange et onirique pièce de musique, si mystérieuse et si spirituelle, qui constitue le prélude de Lohengrin, quand l'esprit du Graal se répand comme la dite lumière et embrase l'horizon de sa pâleur bleutée, lointaine, éphémère et éternelle à la fois, cette résurgence mystique des temps médiévaux remplis du tumulte des chevaliers en arme, d'un paquet que je dois récupérer séance tenante, et dont voici le récépissé.
Employée : Euh, je suis désolée monsieur, mais la file vient de s'allonger derrière vous, je vais devoir servir les autres clients sans plus attendre!

L'homme qui inventa coup sur coup les queues interminables aux guichets et le temps perdu

2 commentaires:

  1. C'est même pas exagéré, les témoignages de contemporains nous apprennent que petit Marcel parlait de la même manière qu'il écrivait... Au niveau de l'ouvrage de parenthèses dans la parenthèse de la parenthèse entre tiret après le point virgule, peut-être même qu'il était meilleur que nous.

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  2. Mon dieu, un lecteur!!!
    Tiens je pensais que tu allais m'envoyer un colis piégé pour avoir osé taquiner petit Marcel...

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